Le conseil de la choura d'Ennahdha a tenu une réunion marathon suite à la séance inaugurale du dialogue national, réunion qui s'est prolongée sur les deux journées de samedi 5 et dimanche 6 octobre 2013. Suite à cette réunion, le conseil de la Choura dont on dit qu'il constitue la vraie et unique source de pouvoir et de législation dans le pays, vient de publier un communiqué qui laisse planer le doute sur les intentions d'Ennahdha, concernant son réel engagement dans le processus du dialogue national, et qui jette un flou sur les véritables desseins du parti. Fort de la multiplicité de ses instances et de sa présence sur la scène politique en tant que parti, gouvernement mais aussi en tant que Majliss Choura, instance à laquelle toutes les grandes décisions relatives à l'avenir du pays doivent être soumises, Ennahdha se permet de cultiver à merveille le double langage et le flou intégral dans ses déclarations. Ainsi le gouvernement peut contredire les déclarations du chef du parti, de même que le conseil de la choura peut « casser » les paroles du leader. De façon à ce que les vis-à-vis se perdent entre ces différents interlocuteurs et ne savent plus avec qui et contre qui discuter. Et pour cette fois, le parti n'a pas dérogé de cette règle, puisqu'à peine la première séance du dialogue national achevée, au cours de laquelle Ennahdha a déclaré adhérer à la feuille de route du quartette et y a même apposé sa signature, que le conseil de la choura publie un communiqué pour revenir à la case départ et déclarer que : Il accepte la feuille de route du quartette, uniquement comme base aux négociations, et non comme une finalité. Il renouvelle son adhésion à un certain front politique prônant la poursuite de la situation telle quelle. Il persiste à réclamer une carte blanche pour l'ANC. Il refuse la démission du gouvernement avant que l'ANC ait bouclé ses travaux... Bref, il semble bien qu'Ennahdha ait décidé de faire une volte face et de revenir aux débats à la case départ, dans une énième tentative de gagner du temps et de jouer avec les nerfs de ses vis-à-vis en attendant de s'assurer de « certaines » choses d'une importance vitale pour la continuité de sa subsistance sur la scène politique.