Déjà qu'au départ, le dossier des diplomates tunisiens otages des milices armées libyennes ne manque pas de complexité, et que c'est un dossier à gérer en marchant sur des œufs. Mais si, en plus, il y a « l'ami » jordanien qui nous joue un sale tour, qu'on était loin d'imaginer, le dossier risque de devenir carrément ingérable. En effet, les diplomates tunisiens retenus en otage par des terroristes libyens n'étaient pas seuls dans cette galère. Il y avait aussi un certain nombre de diplomates étrangers, dont, en l'occurrence, l'ambassadeur jordanien en poste à Tripoli, Faouazz Al Âtian. Or, il se fait que, selon l'avocat d'un terroriste libyen dénommé Mohamed Dersi, détenu en Jordanie pour des faits de terrorisme, ce dernier a été gracié par les autorités jordaniennes et a été transféré à Tripoli. Cette libération et ce rapatriement étaient exigés par les preneurs d'otages libyens, en rançon, contre la libération de l'ambassadeur Al Âtian. Dans une déclaration à Sky News Arabe, l'avocat n'a pas caché sa satisfaction de cette issue heureuse pour son client, et qui va permettre au royaume jordanien de récupérer son diplomate otage des milices en Libye. L'avocat s'est, même, adressé aux ravisseurs en leur demandant d'accomplir leur part du marché, maintenant que le royaume Hachémite s'est plié à leurs exigences. Voilà, donc, un précédant qui n'est pas sans compliquer la situation de nos diplomates tunisiens otages des milices en Libye, et dont les ravisseurs exigent comme rançon, la libération de deux terroristes libyens détenus en Tunisie. Cette situation vient s'ajouter au fait que la Libye ne dispose pas, actuellement de gouvernement fort en place, avec lequel il est possible de mener des négociations sérieuses. Du coup, c'est la porte grande ouverte pour les entremetteurs de tous bords qui vont essayer de proposer leurs « bons offices » en négociant directement avec les terroristes et qui vont (très probablement) réussir à récupérer les otages tunisiens, moyennant, forcément, la libération des terroristes libyens « pour la bonne cause » expliqueront-ils. Et c'est à partir de là que çà va devenir intéressant. Car ces différents faiseurs de miracles, mandatés chacun par son parti, vont par la suite, s'arracher le mérite d'avoir réussi à sauver la vie de nos deux diplomates. Et nous pouvons déjà imaginer les scènes de l'accueil triomphal qui se fera au retour des otages libérés, et la cérémonie au palais de Carthage en leur honneur chargée d'émotion et d'embrassades aussi chaudes que contrefaites. Mais que ces futurs héros de la nation répriment un peu leurs ardeurs ! Car les tunisiens ne sentaient pas cette affaire d'enlèvement dès le départ, et ne comprenaient pas les positions détachées et désinvoltes de certains responsables, dont des diplomates en poste à Tripoli même. Et le jour où tout cela sera fini, le tunisien sera quasi certain que celui qui aura réussi à faire libérer ces otages ne peut qu'être assez proche (idéologiquement ou politiquement) des ravisseurs, au point qu'il se demanderait même s'il n'y aurait pas certaines connivences entre les deux parties à quelque niveau que ce soit !