La proposition du guide spirituel d'Ennahdha privilégiant une candidature unique consensuelle aux présidentielles a non seulement défrayé la chronique et fait verser beaucoup d'encre mais a également ôté la dernière feuille de vigne de quelques hommes politiques, dont notamment Mustapha Ben Jâafer, président de l'ANC et du mouvement Ettakatol, qui a fait par de son honneur d'être désigné comme candidat consensuel. Par cet acte d'inféodation, il croit avoir pris une avance sur les autres, étant le premier, et jusqu'ici le seul, à se faufiler dans le piège digne d'attrape-nigaud ! Le paradoxe est saisissant sur divers points : D'abord, comment se fait-il que le président de l'organe de légitimité et de souveraineté n'éprouve aucune gène à confisquer aux tunisiens leur droit de vote, et ce pour des motifs bassement politiciens et égocentriques. Il ne rechigne pas à jouer la stripteaseuse pour peu qu'il dame les pions à Moncef Marzouki, en guise de revanche sur le compromis de la Troïka sur le butin électoral du 23 Octobre 2011 dont l'arrangement lui est resté manifestement à travers la gorge. Ensuite, n'importe quel observateur averti de la scène politique tunisienne aurait compris que la proposition d'Ennahdha est un pétard mouillé et vouée à un cinglant échec. Donc, compte tenu aussi de la réaction de rejet d'une bonne partie de la classe politique, comment se fait-il que Mustapha Ben Jâafer n'ait rien saisi de la donne, préférant jouer sa propre carte dans un poker menteur auquel personne ne semble vouloir participer. Enfin, Comment comprendre la déclaration Mustapha Ben Jâafer, à contre pied de celle de son parti, jugeant la proposition d'Ennahdha contraire à l'esprit et à la lettre de la constitution. Rien n'arrête le char Mustapha Ben Jâafer, avalant sans vergogne ni recul le chemin vers Carthage, quitte à discréditer son parti et à vêtir la tunique de danseuse du roi. Il est trop pressé d'en déloger Moncef Marzouki. Tout est autorisé, même l'abjecte ! D'aucuns diraient que c'est de bonne guerre et qu'en politique la fin justifie les moyens quand le jeu vaut la chandelle. Soit ! Mais il y a minimum syndicale de dignité et de moral à préserver, ce qui semble être le dernier des soucis de Mustapha Ben Jâafer. En tout cas, pas au point de descendre aussi bas et d'être un valet ou un lèche-bottes d'Ennahdha. Le palais présidentiel l'a ébloui, aveuglé et lui a fauché toute faculté de discernement. Mustapha Ben Jâafer veut faire ses emplettes, sans le sou, à la solde électorale !