C'est demain que sera, officiellement, donné le coup d'envoi pour la campagne présidentielle mais dans les coulisses on s'affaire déjà. Entre tractations secrètes et avances politiques, il semblerait que plusieurs sont disposés à payer le prix fort pour décimer un homme qui commence à faire de l'ombre malgré son âge avancé. Dans la famille dite centriste démocratique, les résultats pour le moins en demie teinte obtenus aux élections législatives ne dissuadent pas pour autant les « pugnaces » candidats de se retirer de la course. Non, ils croient dur comme fer et plus que jamais qu'ils ont préservé toutes leurs chances. Non, ils s'acharneront encore à diluer le peu de crédit qui leur subsiste. La réputation d'opposants historiques dont ils pouvaient, jadis, s'enorgueillir ne leur aura pas suffi à ravaler leur orgueil. Bien qu'aux abois, ils tenteront de se réhabiliter ou de se dédouaner de leurs responsabilités car la débâcle qu'ils ont subi n'a vraisemblablement pas effet. A-t-on pensé à tort qu'ils feront bien de se racheter en gardant profil bas! Qu'importe, ils ne lâcheront pas du lest et ils le font savoir. A croire que la suggestion de Mustapha Ben Jâafer les a requinqués. Les nouveaux « cancres » de l'Assemblée nationale constituante se réuniront aujourd'hui à un hôtel de la ville de Tunis pour examiner l'ingénieuse proposition de Mustapha Ben Jâafer de candidat consensuel à l'élection présidentielle dérobé au passage au mouvement Ennahdha. Il faut dire que dans l'art de la séduction, certains ont plus d'un tour dans leur poche. Par conséquent, le président d'honneur d'Al Joumhouri, Ahmed Néjib Chebbi, le président provisoire sortant, Moncef Marzouki, et le président sortant de l'Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jâafer, s'entretiendront ce vendredi, l'objectif de cet entretien étant de dénicher parmi tout le gratin de la famille celui qui sera le plus à même de colmater les brèches et d'entraver une éventuelle élection de BCE dès le premier tour. Le président de l'Alliance démocratique, Mohamed Hamdi, se joindra, avec d'autres candidats à cette réunion. Si l'on se fie aux aveux du porte-parole d'Ettakatol, Mohamed Bennour, la proposition du président de l'Assemblée nationale constituante a rencontré un large écho. Cependant, il persiste un détail non anodin, les appels à l'unité sauront-t-ils résister à la guerre des tranchées qui se dessine en filigrane. Autrement dit l'intérêt suprême de la famille cédera-t-il le pas face aux ambitions démesurés de ses membres. Derrière le rideau, ça grince déjà des dents entre Marzouki et Chebbi. L'un et l'autre restent déterminés à aller au bout. Seul le soutien d'Ennahdha pourra mettre au pas les ambitions des uns et des autres et les départager. Le suspense que cultive le mouvement islamiste donne des sueurs froides. Ennahdha a fait savoir qu'il apportera son soutien à l'un de ces quatre candidats à savoir Ahmed Nejib Chebbi, Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jâafer ou Abderrazek Kilani. Réponse la semaine prochaine.