On serait tenté de se demander ce qui l'a pris, Béji Caïed Essebsi, pour avoir fait cette déclaration au risque de mettre le feu au pays ! En effet, sa longue et riche expérience d'homme politique aurait du lui faire comprendre qu'il ne fallait pas faire de déclarations pareilles à ce moment crucial du processus électoral, d'entre les deux tours. D'autant plus que certaines parties avaient, déjà, commencé à faire miroiter le spectre de la guerre civile et de la division des tunisiens. Donc, Si El Béji aurait, peut-être, du y réfléchir à maintes fois avant de faire sa fameuse déclaration qui a, semble-t-il, allumé la mèche de ce qui se développe depuis quelques heures en Tunisie et qui l'a ramenée à la case départ. Pas la case de janvier 2011, comme certains se plaisent à le dire, en allusion à une deuxième révolte du peuple, mais plutôt, à la case des années quatre-vingt-dix, époque sombre où certaines parties ont essayé de déstabiliser le pays en investissant la rue, comme on l'a vu aujourd'hui, ce qui pourrait laisser appréhender de prochaines escalades comme lors de la période des attaques au vitriol, dont avaient été victimes de simples anonymes, pour la plupart. D'ailleurs en y regardant avec un peu de recul, et en revoyant les villes et régions qui ont commencé à « bouger » aujourd'hui, en l'occurrence des individus de Ben Guerdène et de Kasserine, et en voyant leur organisation et en écoutant leurs slogans, on ne peut s'empêcher de constater qu'il y aurait un lien avec quelques dirigeants parmi les faucons les plus radicaux de certaines formations « politiques » de la place. Et il ne faut pas perdre de vue que l'un des nombreux privilèges de travailler à deux ou à trois (et on nomme çà, alors, une troïka), quand on a un objectif, et surtout, des intérêts en commun, c'est de se permettre de sortir sur les médias pour, soi-disant, appeler les citoyens au calme, alors que les partenaires pourraient s'occuper, eux, d'allumer la rue. Et pour revenir aux déclarations de Béji Caïed Essebsi qui auront, à ce qu'il paraitrait, déclenché tout çà, il faut se détromper, car il ne s'agit très probablement pas du fait qu'il ait traité certains partisans de son adversaire de jihadistes, déclarations qui ont, selon ce qu'il dit, mal interprétées et dirigées par certains manipulateurs vers des citoyens qui n'en était pas ciblés. Non ce ne sont pas ces déclarations qui ont fait « déraper » la situation, mais d'autres beaucoup plus graves et lourdes de conséquences. Car le timing du début des hostilités envers Nidaa Tounes et son leader, de même que les parties qu'on pourrait supposer être derrière, ne laissent guère de doute... Tout aurait commencé à se programmer quand Béji Caïed Essebsi a promis à ses électeurs de faire du dossier des meurtres politiques une affaire personnelle, en promettant de faire la lumière sur ce qui s'était passé réellement. Et c'est à partir de cette déclaration que certaines parties auront du voir leurs souhaits, et leur quête de garanties, d'impunité s'évanouir, et auraient décidé qu'il fallait tout faire, y compris le pire, pour contrer l'ascension de Béji Caïed Essebsi à la magistrature suprême. Car après qu'il se sera acquitté de sa promesse de dévoiler les dessous des meurtres politiques, ces parties devinent bien rien ne garantit qu'il va s'arrêter en si bon chemin, et que d'autres dossiers pourraient suivre, dont notamment, celui des nominations partisanes au sein de l'administration (dossier qui fait, d'ailleurs déjà, l'objet des requêtes des universitaires au cours de leur dernière grève), pour en arriver aux dossiers de malversations comme celui d'un certain Million de dollars détourné de la caisse d'un certain ministère au profit du compte particulier d'un certain ministre de l'époque.