Décidément il n'est nullement de tout repos que d'être, de nos jours, porte parole de Nidaa Tounes. Et cette mission quasi impossible a incombé, dernièrement, à Boujemâa Remili, qui doit pester en son fort intérieur, d'avoir hérité de ce maudit poste, en cette période où les membres et la hiérarchie du parti sont en train de rivaliser en pitreries et en faits inqualifiables, et qu'il a, lui, pour mission d'expliquer et de justifier. Car il faut, vraiment, être gonflé à bloc pour pouvoir affronter l'opinion publique, même par médias interposées, pour expliquer l'inexplicable et pour justifier l'injustifiable. Et c'est précisément ce que l'on demande actuellement de Boujemâa Remili, qui doit certainement craindre fort pour son image de marque et pour son capital militant, durement acquis. Jugez-en plutôt. Rien que pour son entretien de ce jeudi, qui plus est, coïncidait avec le premier jour de Ramadan, mois où il ferait mal de mentir et de parjurer, qu'il a accordé à la chaine de radio privée Shems FM, il a du expliquer et donner des réponses à propos de trois actes et faits, perpétrés par ses « amis » au sein de Nidaa Tounes. Faits qu'il a trouvé énormément de difficultés à pouvoir justifier, au point qu'il était sensiblement gêné et mal à l'aise devant son micro. Il faut dire que les faits qu'il était appelé à expliquer n'étaient pas des moindres. Il avait à justifier les festivités jugées trop bruyantes et trop « joyeuses » de Nidaa Tounes, le jour même où le pays pleurait ses quatre martyrs de la veille, et sa vingtaine de morts de la matinée dans un accident de train. Et il n'a pas trouvé mieux que de dire qu'il n'y pouvait pas si des chansons reprenant l'histoire de Daghbaji, se chantaient avec tambour et trompette. Par la suite, il avait à expliquer la position jugée trop faible de l'Etat dans la gestion de la crise des diplomates retenus en otages en Libye, et que la Tunisie a été forcée de remettre en liberté un terroriste notoire, pour les faire relâcher. Mais là, Remili a excellé, en jurant que cette gestion est « bénéfique » pour la Tunisie et pour sa diplomatie (Eh oui). Il est allé jusqu'à critiquer le fait même d'avoir arrêté Walid Klib, qui n'avait, en définitive rien à se reprocher, sauf quelques ridicules affaires insignifiantes de terrorisme international. Il a, ainsi sacrifié l'intégrité et la crédibilité aussi bien des policiers que des magistrats tunisiens, pour justifier une bourde monumentale de la part de sa hiérarchie dans le parti qui prime, décidément, sur la Patrie. Troisième fantaisie qu'il avait à justifier aux yeux des tunisiens, et pas des moindres, celle de l'attribution des insignes d'honneur de l'ordre de la République, par Béji Caïed Essebsi à son conseiller démissionnaire et néo-secrétaire général de Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk. Remili a jugé que cette décoration était amplement méritée par Mohsen Marzouk, en oubliant que ces insignes ne peuvent être mérités que pour des actions au profit de la Nation, car il a expliqué le mérite de cette médaille par : « la grande contribution qu'a apporté Marzouk à la réussite de son parti et des élections en précisant que le travail qu'il avait effectué en 4 mois relevait de l'exploit pendant un délai aussi court ». Donc, il a justifié une décoration nationale par un mérite partisan, ce qui conforte la thèse du parti qui prime sur la Patrie. Rien que çà, ce qu'avait à justifier ce pauvre Boujemaâ Remili, en une seule fois, et au cours de la même sortie médiatique, un premier jour de Ramadan, de surcroit ! A ce rythme, gageons qu'il ne fera pas long feu à ce poste et qu'il jettera de sitôt l'éponge, du moins s'il tient à préserver son honneur, son capital militant, sa crédibilité et son image de marque, avant de se rendre la risée du tunisien comme l'avaient fait quelques uns avant lui, en étant les porte-paroles de leurs partis et qui en ont fait les frais au détriment de leurs personnes.