Depuis la prise de fonctions des membres de l'actuel gouvernement, on n'entend parler que de lui, il ne se passe pas un jour sans que son nom soit cité des centaines de fois dans les médias, et même dans les salons privés ou les espaces publics. Son nom a, certes, été mêlé au départ à la longue guerre d'usure que lui a livrée l'UGTT, et depuis, qu'il a su faire réussir son année scolaire et relever les défis qui lui avaient été lancés, depuis qu'il a eu à l'usure, justement, les fortes têtes du syndicat des instituteurs, on ne cesse toujours pas de parler de lui, et presque, que de lui. Lui, c'est Néji Jalloul. Le ministre qui a su tenir tête au superpuissant syndicat des enseignants, à la grande satisfaction des élèves et de leurs parents. Le ministre qui a su lancer malgré les oppositions son programme de réforme de l'enseignement. Le ministre qui s'est lancé le défi de mettre à niveau les écoles et les lycées qu'il a trouvés dans un état de délabrement inimaginable. Le ministre qui a su faire bouger au fort intérieur de tout un chacun la fibre patriotique en invitant tous les tunisiens à mettre la main à la pâte pour restaurer et rénover les établissements scolaires. Et connaissant comme il connait ses concitoyens, Néji Jalloul appréhendait que les tunisiens allaient être découragés par la canicule et les projets de vacances à la plage ou de mariages et autres festivités, il n'a donc pas hésité à donner de sa personne pour encourager les gens et pour leur donner l'exemple. C'est ainsi que bravant l'été et les températures légendaires qui l'ont accompagné cette année, Néji Jalloul n'a pas cessé un jour de sillonner le pays en large et en travers, pour visiter, inspecter, superviser, aider, encourager... C'est ainsi qu'on le retrouvait chaque jour dans une contrée du pays encore plus éloignée et plus reculée que ses précédentes. Il a sillonné le désert, les montagnes les steppes, les îles, la côte, drainant dans son sillage une certaine foule emportée par son enthousiasme et par le spectacle, presque insolite, d'un ministre qui ne rechigne pas devant le travail et qui ne cherche pas, comme ses collègues, à se terrer dans les bureaux sur climatisés de son ministère, ou à se prélasser sur la plage de sa Békalta natale. Et à ce rythme, il est à deux doigts de réussir son pari, Néji Jalloul, puisque les chantiers avancent un peu partout dans les écoles du pays, les équipements arrivent par lots entiers pour les cuisines et les cantines scolaires, les dons ne tarissent plus... Par ailleurs, on retrouve Néji Jalloul sur tous les fronts, car entre deux inspections et deux visites, il a toujours un peu de temps pour superviser une cérémonie de remise des prix à quelques lauréats, ou pour assister à quelques spectacles musicaux donnés par ses protégés, les élèves. Ce manège incessant ne pouvant pas passer inaperçu, notamment aux yeux des collègues de Néji Jalloul, certains d'entre eux commencent à penser sérieusement, au lieu de lui en vouloir pour leur avoir mis la barre un peu trop haute, de lui emboiter le pas et de faire du copier coller sur sa formule de travail, puisque çà semble susciter beaucoup de soutien et de sympathie dans les rangs des citoyens. C'est ainsi, qu'aux dernières nouvelles, il semblerait que Saïd Aïdi, le ministre de la santé, à la recherche désespérée de réussite, aurait sollicité les membres de Nidaa Tounes pour le soutenir dans une campagne « à la Jalloul », pour entretenir et restaurer les hôpitaux dont la situation est désespérément dramatique. Donc, chapeau bas à Néji Jalloul pour son abnégation et son acharnement au travail, et chapeau aussi pour avoir donné le bon exemple à ses collègues, décidément en manque d'inspiration, à ce qu'il paraît.