Le rédacteur en chef d'un quotidien turc, Can Dündar, se présentait, hier, vendredi 6 mai, devant le tribunal d'Istanbul, pour répondre d'une accusation de « divulgation des secrets de l'Etat ». Ce journaliste avait eu l'audace de démontrer, preuves à l'appui, le soutien et l'armement fourni par Erdogan aux groupes terroristes islamistes armés qui sévissent en Syrie. Ce qui a eu pour effet d'enrager les frères au pouvoir, qui l'ont traduit devant « leur » justice pour divulgation de leurs secrets. Or l'intitulé, même, de l'accusation est, en quelque sorte, un aveu tacite de leur soutien et leur armement aux milices terroristes islamistes qui combattent en Syrie. Sinon, ils auraient pu le poursuivre pour diffamation ou accusations mensongères. Toujours est-il qu'en se rendant, hier, au tribunal, le journaliste a été pris pour cible par un sbire des frères qui lui a tiré dessus à bout portant, pas moins de trois balles, avant d'être maîtrisé par les témoins, puis par les agents de sécurité. Un autre journaliste, correspondant de NTV, a été blessé dans la fusillade. Can Dündar, lui, s'en est sorti indemne, par miracle. Sinon, il aurait allongé encore un peu plus la liste des « trophées » des frères. Liste qui comporte, entre autres nos martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. D'ailleurs, la méthode d'exécution n'était pas sans rappeler la barbarie des meurtres politiques qu'avait connus notre pays. Echappé par miracle à une mort certaine, le journaliste n'en a pas mois été condamné, quelques minutes après cette attaque, à cinq ans et dix mois d'emprisonnement, pour avoir divulgué le secret de polichinelle du « Calife » Erdogan.