Le nouveau refus du Parlement libyen d'accorder sa confiance au gouvernement d'union nationale censé mettre en œuvre une nouvelle transition politique dans le pays fondé sur un partage du pouvoir entre protagonistes, plonge la Libye dans l'incertitude et le risque de partition. Les impacts sur la Tunisie Une situation qui aura des conséquences désastreuses sur la Tunisie voisine qui abrite une importante communauté de Libyens réfugiés dans le pays depuis la révolte de 2011 contre le régime de Kadhafi. Ce n'est pas uniquement les réfugiés libyens qui viennent grossir les rangs en Tunisie, il y a la violence qui déborde souvent pour toucher le territoire tunisien. A cela s'ajoutent les groupes terroristes qui profitent du chaos en Libye pour préparer et mener des attaques armées en Tunisie. Avec la persistance du chaos sécuritaire ce nouveau rejet du gouvernement attisera encore davantage les rivalités entre les parties en conflit en Libye menaçant le pays de partition en raison de l'existence de deux autorités rivales le gouvernement d'union basé à Tripoli soutenu par les Nations unies et les pays occidentaux et le gouvernement intérimaire installé à Beidha dans l'Est sous la tutelle du Parlement. Les considérations géopolitiques Toutefois ce nouvel rejet du gouvernement le deuxième après celui de janvier 2016 semble avoir été motivé par des considérations géopolitiques au niveau régional. L'Egypte à la tête d'une alliance composée notamment des Emirats arabes Unis, semble avoir poussé le Parlement libyen à adopter une vote de défiance contre le gouvernement dont certaines personnalités sont hostiles à l'influence égyptienne. Certains observateurs de la scène politique libyenne ont indiqué avoir perçu dernièrement des signes d'un feu vert des autorités égyptiennes au Parlement libyen pour ne pas avaliser la composition du gouvernement d'union en Libye. Une réalité confirmée par la visite du Représentant du Secrétaire général de l'ONU et chef de la Mission d'Appui des Nations unies en Libye (MANUL), Martin Kobler au Caire qui semble détenir la clef de la solution de la crise politique en Libye. Au regard de l'impact de la situation en Libye sur la Tunisie, le nouveau gouvernement de Youssef Chahed devrait s'investir davantage dans la recherche d'une solution politique à travers une médiation entre les protagonistes libyens. Certes, les divergences sont très profondes entre les protagonistes libyens mais une médiation de la Tunisie aura pour but de raffermir le rôle de l'Etat tunisien dans la région et surtout de redorer son blason auprès des Libyens en vue d'une reconnaissance post-conflit. Préserver les intérêts de la Tunisie Pays riche en ressources hydrocarbures, la Libye constitue un marché important pour la Tunisie qui acquiert les produits pétroliers à des prix préférentiels et surtout trouve des débouchés aussi bien pour les sociétés tunisiennes qu'un marché de travail pouvant absorber un grand nombre des chômeurs. A la lumière de la conjoncture économique difficile que traverse la Tunisie, une stabilisation de la Libye voisine serait un atout important pour la relance de l'économie et sa sortie du marasme actuel. Outre l'aspect économique, l'implication de la Tunisie dans la recherche d'une solution en Libye permettra de prémunir le pays contre les groupes armés notamment ceux affiliés à Daech qui forment et apportent un soutien logistique aux terroristes. Ainsi la Tunisie a tout intérêt à ce que la Libye voisine se stabilise et doit œuvrer à ce que l'Etat libyen soit reconstruit et que ses frontières soient sécurité dans le contexte de la menace terroriste qui plane sur le pays.