Comme à son habitude, le président turc Recep Tyyip Erdogan ne rate aucune occasion de faire des déclarations scandaleuses et démesurées. Après avoir suscité la colère de Bruxelles et de Berlin en estimant l'annulation des meetings pro-Erdogan comme est un signe du retour « des pratiques nazies » en Europe, le président turc qualifie les Pays-Bas de « république bananière », après la décision de La Haye d'empêcher les visites de deux ministres turcs. Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu, qui a été accueilli à Metz en France par des centaines de partisans, a menacé de sanctions les Pays-Bas, en affirmant qu' « ils ne passeront pas sans être sanctionnés ». Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu à Metz En soutien aux néerlandais, c'est au tour du PM danois d'inviter son homologue turc à annuler provisoirement sa visite à Copenhague prévue pour le 20 mars. Par railleurs, ces visites font partie parti d'un vaste programme de mobilisation de la diaspora tuque dans divers pays européens à l'approche du référendum du 16 avril 2017, qui permettrait au président en cas de vote favorable, de renforcer ses pouvoirs et ses prérogatives. L'enjeu est grand pour Erdogan qui semble déterminé à mettre toutes les chances de son côté pour réussir sa campagne. De ce fait, ses déclarations s'inscrivent dans le cadre d'une propagande sans précédent, visant à renforcer son image de leader incassable, particulièrement chère à ses partisans. Rappelons dans ce contexte ses menaces proférées envers Moscou, et la crise diplomatique, politique et économique qui a suivi, s'achevant par « Erdogan, tête baissée, demandant pardon à Poutine ». Des pro-Erdogan favorables au renforcement des pouvoirs du président turc Toutefois, il semble que la France a eu une réaction différente du reste des pays de l'UE. Les autorités françaises ont déclaré n'avoir aucun problème avec les rassemblements de la diaspora turque, s'appuyant sur le droit constitutionnel au rassemblement, tant que celui-ci ne perturbe pas l'ordre général. C'est d'ailleurs lors de son discours à Metz, que Cavusoglu a critiqué la démocratie des néerlandais. Pour l'instant, Ankara a bouclé l'ambassade et le consulat néerlandais tandis que près d'un milliers de pro-Erdogan munis de drapeaux turcs ont manifesté devant le consulat turc à Rotterdam, avant d'être dispersés par la force. L'UE, pressentant le danger, vient aujourd'hui le 13 mars de mettre en garde les autorités turcs contre toute « escalade » et « propos inappropriés ou exagérés ». L'affaire est à suivre.