Mercredi le 3 mai 2017, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse, le CFI (Agence Française de Coopération Médias) a accueilli au sein de l'IFT (Institut Français de Tunis) une vingtaine de journaliste, essentiellement libyens et yéménites, qui ont réfléchi entre 2016 et 2017 à plusieurs questions en lien avec la liberté de la presse et l'éthique et la déontologie journalistique en temps de guerre, dans le cadre des projets « ILYM » (Irak, Libye, Yémen Médias) et « HIWAR : regards croisés sur le journalisme libyen». Dans cette optique, Salina Grenet-Catalano, Cheffe de la Mission pour la stabilisation du Centre de crise et de soutien du Ministère français des Affaires étrangères, a indiqué en présentant l'évènement qu'il s'agit de « l'aboutissement des deux projets ILYM et HIWAR» en matière de réflexion, entre-autres sur la place du journalisme dans l'édifice démocratique. Elle a aussi affirmé qu'il est impératif de soutenir les efforts des journalistes libres et objectifs qui luttent pour la vérité durant les temps de crise et dans des conditions particulièrement difficiles. Mis en œuvre par CFI avec le concours de l'Institut de Recherche sur la Méditerranée et le Moyen Orient (IREMMO), l'évènement organisé en Tunisie, a permis une interaction des plus riches entre les différents intervenants et le public de journalistes dans le cadre de tables rondes autour de trois questions fondamentales qui sont : « Comment informer en temps de guerre ? », « Quel rôle pour les médias durant les périodes de crise et de transition ? », et enfin « Les médias face à un monde arabe dans la tourmente ». Les débats ont mis la lumière sur des questions primordiales qui touchent le journalisme dans région du MENA (Moyen-Orient Afrique du Nord), dans le contexte actuel post-printemps arabe. Hamza Al Kamali et Abdallah Ismaïl, tous deux du Yémen et participant au projet ILYM ont remercié la Tunisie pour son accueil chaleureux tout en conférant une idée sur la situation chaotique de la presse dans leur pays. En chiffre, Ismaïl a expliqué qu'au Yémen, depuis le conflit armé qui a éclaté en 2014, 125 journalistes ont été kidnappés, 19 sont morts, 19 autres sont portés disparus, 14 sont en prison en attente de jugement et plusieurs ont été torturés et même morts sous la torture. Al Kamali a de son côté, souligné que la presse yéménite a vécu son âge d'or de 2011 à 2014, avant de sombrer à cause des milices incontrôlables qui ont visé la destruction de l'institution de la presse établie dans le pays : « Il s'agit sans conteste de la crise la plus grave de la presse au Yémen à l'époque contemporaine ». Par ailleurs, Huda Alsheikhi, Journaliste libyenne (Projet HIWAR) a noté que tout journaliste patriote se doit d'éviter les discours haineux et préserver malgré les difficultés son impartialité dans la transmission de l'information. Elle a par ailleurs assuré la présence de la femme journaliste en Libye et son rôle dans la recherche et le dévoilement de la vérité. Nous avons posé la question en rapport avec les termes subjectifs utilisés par plusieurs médias dans le traitement et l'analyse de l'information. L'intervenant Tareq Al-Houny du projet HIWAR nous a affirmé que la limite entre opinion et information est parfois minime et qu'il y a tout un travail qui a été effectué dans ce cadre pour faire des listes de termes bannis pour leur subjectivité tels que « martyr » et préserver la neutralité de la presse et de l'information. De même, le thème de la contribution de la presse à l'apaisement des tensions, à la préservation de la paix civile et à la réconciliation a été largement évoqué. Notons enfin que cette journée a été organisée en partenariat avec l'agence TAP (Agence Tunis Afrique Presse) et avec Reporters sans Frontières, grâce au soutien financier du Centre de Crise et de Soutien du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI) qui a également soutenu les projets ILYM et HIWAR.