Les industriels du secteur du textile étaient en conclave ce jeudi à Sousse. Ils fêtaient la naissance de leur toute nouvelle fédération, la Fédération Tunisienne du Textile et de l'Habillement. Ils en ont décidé ainsi, depuis leur dernière réunion du 16 mars dernier, quand ils ont décidé de se retirer de l'UTICA, et de voler par leurs propres ailes. La cause de cette « rupture », les négociations menées en leur lieu et place par l'UTICA, avec l'UGTT et qui a consenti des majorations salariales de l'ordre de 6%, avec effet rétroactif. Ce qui représente un surplus de charges que les industriels du secteur ne pouvaient honorer, et qui avaient été consenties par l'UTICA sans aucune concertation avec eux. Les professionnels du textile ont beau argumenter avec l'UTICA, mais rien ne semblait pouvoir faire revenir la centrale sur ses « largesses ». Ce qui a poussé les « textiliens »comme ils aiment s'appeler entre eux, à créer leur propre fédération, et de renégocier les accords, pour éviter au secteur le pire. Cette « défection » de la part du secteur du textile, si elle renforce le secteur, elle affaiblit considérablement l'UTICA qui perd, ainsi, un secteur clé, qui fait fournit pas moins de 172 000 emplois, et qui est, actuellement, le premier pourvoyeur du pays en devises. Il faudrait savoir qu'avec cette « sortie » l'UTICA perd un deuxième secteur des plus porteurs et des plus importants, notamment en matière d'employabilité et de rentrées de devises, puisqu'avant le textile, le tourisme avait, lui aussi, opté pour ses propres fédérations indépendantes de l'UTICA, à savoir la FTH, et la FTAV. Les professionnels du textile semblaient, aujourd'hui, à Sousse, déterminés et enthousiastes, à l'idée de présider à leur destinée tous seuls, bien qu'ils ne cessaient de répéter qu'ils n'avaient pas de problèmes particuliers avec l'UTICA, en dehors du fait que celle-ci, et au lieu de se positionner du côté des entrepreneurs du secteur, qui vivent d'énormes difficultés depuis 2011, avec, notamment, la perte de pas moins de 40 000 emplois, a choisi de jouer la carte politique de l' « apaisement social » et a condamné à mort le secteur. Car les professionnels déplorent que les 6% de majorations salariales consenties par l'UTICA, allaient ruiner les efforts des industriels de maintenir la tête hors de l'eau. Puisque, selon eux, les salaires représentaient près de 75% des coûts de la production pour une majorité d'entre eux, ce qui veut, tout simplement dire, que ces majorations étaient impossibles à honorer, surtout avec l'effet rétroactif qu'on a décidé pour eux. Les professionnels s'organisent, donc, pour défendre le secteur, c'est-à-dire, les emplois, comme ils le disent. Et ils appellent les forces vives de l'Etat à une re-discussion des accords et, surtout, à une réévaluation des systèmes d'avantages fiscaux et de douanes, pour sauver ce qui reste à sauver du secteur et de ses 172 000 salariés, au lieu de s'acharner à tuer la poule aux œufs d'or.