La mesure de suspension des cours, action décidée par la fédération de l'enseignement secondaire, pour faire pression sur le ministère de l'Education et le gouvernement, dans le bras de fer qui les oppose, entre dans sa deuxième semaine alors que les perspectives d'une sortie de crise sont toujours absentes. Absence de concessions La fédération qui a mobilisé ses bases durant le week-end pour réfléchir sur l'action à mener, a présenté un plan que de nombreux analystes ont qualifié de manœuvre dilatoire destinée à donner l'impression de faire des concessions tout en restant camper sur ses positions. En effet, l'initiative avancée par la fédération porte sur la reprise de négociations "sérieuses" avec le ministère de l'Education qui sera suivie immédiatement par la levée de la suspension des cours, la conclusion d'un accord, au plus tard jeudi, 26 avril, entre les deux parties, suite auquel les enseignants remettront les notes du 1er semestre à l'administration vendredi 27 et fixeront un calendrier pour les conseils des classes. Le syndicat des enseignants propose aussi dans son plan que les cours soient donnés durant la semaine qui était prévue pour les vacances et exige un engagement du ministère de l'Education et du gouvernement de ne pas procéder à des retenues des jours de grève sur les salaires des professeurs. Cette initiative n'a rein de novateur étant donné qu'elle reflète la position initiale de la fédération des l'enseignants du secondaire consistant à la poursuite de la retenue des notes et à la suspension des cours avant la reprise des négociations. Rejet de l'initiative par les autorités Preuve qu'elle n'apporte rien de nouveau, la proposition annoncée dimanche n'a reçu d'avis favorable ni de la part du gouvernement ni du ministère de l'Education qui exigent que les notes soient d'abord restituées pour la reprise de toute négociation, estimant que ces procédés n'ont aucun rapport avec le militantisme syndical mais portent atteinte aux élèves et au processus pédagogique. D'ailleurs, le chef du gouvernement a été très clair vendredi soir en invitant les enseignants du secondaire à remettre les notes et à reprendre les cours ce lundi, réaffirmant sa disponibilité à négocier pour accorder ce que les moyens de l'Etat permettent. En outre, le ministère de l'Education a décidé la retenue de six jours de grève sur les salaires des enseignants, précisant que l'argent sera versé dans un fonds qui servira à la réfection et l'entretien des écoles. Une manière d'opposer une fin de non recevoir à la fédération des enseignants du secondaire qui s'entête, sous la houlette de Lassaâd Yacoubi, à camper sur ses positions. Cette attitude démontre l'irresponsabilité et le manque de conscience professionnelle chez certains enseignants et leurs dirigeants syndicaux, selon des analystes. Néanmoins, ce qui étonne le plus, ce sont les sermons des dirigeants de la fédération de l'enseignement secondaire et ceux de l'UGTT qui répètent à longueur de journée qu'une année blanche est une ligne rouge à ne pas franchir et qu'ils œuvreront à l'éviter. Comme l'a affirmé Youssef Chahed, l'hypothèse d'une année blanche dans le secondaire est devenue très probable en raison de l'approche de la fin de l'année scolaire. Si les enseignants ne font aucune concessions, on se dirige droit vers une année blanche. Par ailleurs, la rencontre entre le président de la République, Béji Caïd Essebsi et le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, dimanche au palais de Carthage, consacrée à l'examen de la crise de l'enseignement secondaire, n'a pas débouché sur des propositions concrètes de sortie de crise. Maintien de la solidarité avec le gouvernement La présidence de la République et le gouvernement ont adopté une position solidaire avec le ministère de l'Education estimant que les professeurs du secondaire ont fait preuve d'une grande arrogance en prenant en otage tout le système éducatif et en recourant à la politique de pression. Ainsi, on s'attend à ce que ce front solidaire se poursuive pour obliger les enseignants à revernir à des bons sentiments. En effet, face à la grogne et au ras-le-bol des parents d'élèves et des citoyens, très remontés contre les mouvements sociaux à n'en pas finir, ils risquent d'assumer à eux seuls l'échec de l'année scolaire en cours. Le ministère de l'Education et le gouvernement ne doivent pas céder car ils ont le soutien des Tunisiens, d'autant plus que l'année scolaire touche à sa fin et passée la semaine actuelle qui débute, il ne reste rien à sauver. Les professeurs ont déjà causé assez de dégâts et de préjudices aux élèves, aux parents et à l'Education dans le pays, qu'ils assument donc leurs responsabilités.