Malgré la multiplication des appels de détresse et autres cris d'alarme lancés par les personnels de la santé, depuis, déjà, plusieurs mois, en rapport avec les manques récurrents et graves de médicaments, aussi bien dans les pharmacies des structures sanitaires publiques que dans les officines privées et malgré la multiplicité et la chronicité des pannes du matériel médical essentiel et vital, à tous les niveaux, le ministre de la santé, Imed Hammami se renferme de plus en plus dans son autisme et semble parvenir à se convaincre qu'avec lui, la santé est dans le meilleur des mondes. Plus encore, il a osé monter au créneau pour démentir les professionnels qui se sont plaint de telles pénuries. Il est même allé plus loin, en limogeant et punissant les cadres de son ministère, qui ont confirmé ces pénuries ou qui n'ont pas pu démentir cette réalité. Devant cette situation, devenue assez critique, le chef du gouvernement Youssef Chahed a pris l'initiative d'aller voir de ses propres yeux ce qu'il en est. C'est ainsi, qu'il s'est rendu ce lundi, à l'hôpital Abderrahmen Mami à l'Ariana, où il n'a pu que constater la catastrophe qui couve et la grogne aussi bien des professionnels de santé, que des patients. A peine l'hôpital quitté, Youssef Chahed a convoqué un conseil ministériel urgent, pour traiter la question. On croyait qu'il allait prendre la décision qui s'imposait, vis-à-vis de ce ministre qui, non seulement se moquait de la santé des citoyens, mais se rendait en plus coupable de mensonges et de traitement abusif à l'encontre des quelques intègres que compte son ministère, d'autant plus, qu'il était évident que Chahed avait tenu à ne pas avertir son ministre de la santé de sa visite à l'Ariana. Or, au cours de ce conseil, les observateurs ont été sidérés de voir à ses côtés ce ministre qui devait, en principe se retrouver dans le box des accusés et non autour de la table du conseil des ministres. Pire encore, au même moment où il était en train de se faire, en principe, laminer pour sa gestion calamiteuse des médicaments et de la santé des tunisiens, Imed Hammami a chargé son chef de cabinet, l'illustrissime Mohamed Meftah, de diriger, comme si de rien n'était, une réunion au ministère pour discuter de la question des médicaments, en cherchant à améliorer, tenez-vous bien, l'exportation des médicaments tunisiens vers l'étranger. Ce qui signifie qu'ils sont convaincus d'avoir atteint l'autosuffisance, pour commencer à penser à l'exportation du surplus. Décidément, l'autisme est de mise chez ces messieurs du cabinet du ministre de la santé. Devant un comportement pareil de la part du ministre de la santé, qualifié par les tunisiens, selon un sondage lancé par une radio privée, de crime d'Etat, on ne pouvait pas ne pas faire de comparaison avec ce dont se serait rendu coupable le ministre de l'intérieur Lotfi Brahem, pour avoir mérité le limogeage. Or, force est de constater que Chahed se comporte vis-à-vis de ses ministres en adoptant la politique des deux poids, deux mesures. Quand on sait que Hammami est membre d'Ennahdha, on ne peut que supposer que ce qu'on raconte en rapport avec le limogeage de Brahem, pour les beaux yeux d'Ennahdha, a quelque chose de vrai !