Ahmed Friaa l'ancien ministre de l'Intérieur, a été entendu dernièrement par le Juge d'instruction auprès du Tribunal de première instance de Tunis. Selon des sources bien informées, Ahmed Friaa, a nié, après quatre heures d'interrogatoires qu'il ait donné des instructions de tirer sur les manifestants. Il a ajouté que ces ordres ont été émis aux forces de sécurité avant qu'il ne prenne ses fonctions pour succéder à Rafik Haj Kacem le 12 janvier 2011. D'un autre côté et pendant son audition, Friaa a présenté une circulaire datée le 14 janvier 2011 et adressée à toutes les unités sécuritaires : police et garde nationale exerçant sur tout le territoire tunisien. Cette circulaire recommandait d'éviter l'usage des armes à feu pour disperser les manifestants. Ahmed Friaa a aussi déclaré qu'un décret présidentiel a été émis lorsqu'il était à la tête du ministère de l'Intérieur, indiquant la création d'une “cellule de crise”. Cette cellule a réuni les hauts responsables des ministères de l'Intérieur, de la Défense nationale et de la Présidence de la République. Ces derniers coordonnaient entre eux pour veiller aux problèmes sécuritaires. Friaa a précisé que les fonctions de cette “cellule” étaient totalement indépendantes de l'autorité du ministre de l'Intérieur. Ahmed Friaa a présenté d'autres données au Juge d'instruction, lesquelles auraient, semble-t-il, permis de le laisser en liberté en attendant la fin de l'enquête. Parcours politique de Ahmed Friaa Agé de 62 ans, Ahmed Friaa a été plusieurs fois placé à la tête de différents ministères, comme celui de l'Equipement et de l'Habitat, celui de l'Education ou celui des Télécommunications. Après une longue traversée du désert, durant les années 2000, il a été nommé le 12 janvier 2011, en pleine Révolution tunisienne et deux jours avant la fuite de Ben Ali, 26ème ministre de l'Intérieur en remplacement de Rafik Belhaj Kacem. À ce titre, il est nommé, l'avant-veille du départ de Ben Ali, comme une ultime tentative de sortie de crise sachant que la répression des manifestations a causé la mort d'au moins 66 personnes à la date du 13 janvier. Sa reconduction à ce poste au sein du «Gouvernement d'union nationale» conduit par Mohamed Ghannouchi a cristallisé la colère de la population qui a exigé la formation d'un Gouvernement excluant les personnalités du RCD (ancien parti présidentiel) dont Ahmed Friaâ était encore membre. M. Friaa a finalement quitté le parti le 20 janvier 2011 puis le Gouvernement sept jours plus tard. Peu après, il est l'un des fondateurs d'un nouveau parti baptisé Al Watan.