Dans une conférence de presse à Ottawa, organisé par le Collectif de solidarité avec les luttes sociales en Tunisie, le collectif a déploré que le Canada n'ait pas encore gelé les actifs de M. Trabelsi ni extradé l'homme vers la Tunisie, comme le réclame le gouvernement provisoire de Tunis. «Nous demandons au gouvernement canadien de cesser de tergiverser dans le dossier tunisien et de respecter ses engagements internationaux», a souligné Sonia Djelidi. Bien qu'il n'existe pas de traité d'extradition entre les deux pays, le groupe exhorte Ottawa à collaborer avec les autorités tunisiennes pour que M. Trabelsi, visé par un mandat d'arrêt international, soit rapidement renvoyé dans son pays. Selon la journaliste canadienne Malorie Beauchemin qui a assisté à la conférence, le collectif prétend que la Convention des Nations Unies sur la corruption, que le Canada et la Tunisie ont ratifiée, pourrait aider Ottawa à accélérer le gel des actifs de l'homme d'affaires afin que l'argent qu'il est soupçonné d'avoir volé au peuple tunisien «ne soit pas dilapidé». «Si le gouvernement canadien a pris les devants, il faut qu'il agisse en toute transparence et qu'il démontre quelles sont les mesures qui ont été prises», a réclamé Vincent Valaï, avocat associé au collectif. Notons que Belhassen Trabelsi constitue un cas particulier puisqu'il avait le statut de résident permanent, avantage que le gouvernement canadien a retiré au beau-frère du Président déchu. Le problème qui se pose maintenant c'est que les lois canadiennes lui permettent de porter plainte contre cette décision, et par conséquent d'avoir un délai de 7 ans au moins pour que son extradition soit effective. Ottawa reste prudent Malgré les critiques, le gouvernement est toutefois resté prudent dans ses commentaires. «On est dans un régime de droit. La Loi sur les renseignements privés m'empêche d'aller dans le détail du dossier», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. «Nous allons déployer tous les efforts pour que, dans le cadre de la législation existante, nous puissions accommoder les besoins du gouvernement tunisien.» Le député libéral Denis Coderre, qui accompagnait le collectif, estime que le gouvernement pourrait faire des gestes immédiats et qu'il s'agit surtout de volonté politique. Le critique du Bloc québécois en matière d'affaires étrangères, Jean Dorion, a, quant à lui, réclamé que l'on confie le dossier à un seul ministre du gouvernement, pour éviter le «cafouillage».