Le Juge a décidé que le procès se poursuivrait désormais à huis clos. L'ancien chef d'Etat égyptien était arrivé ce matin au tribunal sur une civière. Une ambulance s'arrête devant le tribunal. Allongé sur une civière, l'ancien président est amené à l'intérieur. Le procès pour meurtre de manifestants et corruption de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak, le premier d'un dirigeant du Moyen-Orient depuis le début du “printemps arabe”, reprend ce lundi au Caire sous haute sécurité. Moubarak est arrivé en hélicoptère près de l'académie puis a été transporté dans une ambulance jusqu'aux portes du tribunal. Il a ensuite été placé, toujours couché, dans le box des accusés, et a brièvement parlé à ses deux fils, qui se tenaient à ses côtés. Il a ensuite confirmé sa présence d'une voix éteinte. Le président du tribunal pénal du Caire, Ahmed Refaat, a ensuite déclaré la séance ouverte. En dépit de la lourde présence policière, des pro et anti-Moubarak se sont affrontés à coups de pierres hors du tribunal. Mais le procès sera finalement ajourné au 5 septembre. Moubarak et son ex-ministre de l'Intérieur, Habib el-Adli, seront jugés au cours d'un seul et même procès, accédant ainsi à l'une des principales demandes des avocats des familles des victimes. Et le juge annonce que les audiences se tiendront désormais à huis clos: plus de retransmission à la télévision. L'annonce que les deux hommes allaient être jugés ensemble a été accueillie par des cris de joie et des applaudissements des avocats des familles des victimes, qui ont lancé “Allah akbar” (Dieu est grand) à plusieurs reprises. Sous haute surveillance La présence de l'ancien chef d'Etat, contraint à la démission le 11 février par un soulèvement populaire , était annoncée par son avocat. Le 3 août, alors que l'écrasante majorité des Egyptiens se disait convaincue qu'il serait absent, Hosni Moubarak s'était présenté à l'ouverture de son procès, là aussi allongé sur une civière, et avait plaidé non coupable. Son apparition dans le box grillagé, la première depuis sa chute, avait frappé les esprits en Egypte et dans le monde entier. L'académie de police, située en banlieue du Caire, a été placée sous très haute surveillance. La police anti-émeutes était déployée en masse autour du bâtiment, gardé par des blindés de l'armée. Selon la télévision, pas moins de 5.000 membres des forces de l'ordre étaient déployés. Problèmes de santé L'ex-président risque la peine de mort s'il est reconnu coupable d'avoir ordonné de tirer à balles réelles sur les manifestants. Il est aussi accusé de corruption et d'avoir permis la vente de gaz égyptien à Israël à des prix inférieurs à ceux du marché. Près de 850 personnes ont été tuées lors de la révolte populaire de janvier-février. Ses fils Gamal et Alaa, qui s'étaient tenus à son chevet tout au long de la première audience, sont jugés à ses côtés pour corruption. Depuis le 3 août, Hosni Moubarak, 83 ans, se trouve au Centre médical international, près du Caire. Il avait été admis en avril à l'hôpital international de Charm el-Cheikh (sud) pour des problèmes cardiaques et y était resté jusqu'à l'ouverture de son procès. L'état de santé de l'ex-président est “quasi stable” et une équipe médicale le suit en permanence, a affirmé l'agence officielle Mena en citant une source médicale. Le procès se déroule sous haute protection policière à l'académie de police, en banlieue du Caire, qui portait avant la révolte le nom d'Hosni Moubarak. Le cas Tantaoui au coeur de la reprise du procès L'audience qui pourrait décider de la convocation ou non comme témoin du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, le chef du Conseil suprême des forces armées qui dirige le pays. “Le témoignage de Tantaoui pourrait aider la cour à déterminer si Moubarak a donné ordre au ministre de l'Intérieur Habib al Adli de tirer sur les protestataires ou si Adli a agi indépendamment”, a expliqué un membre de l'équipe d'avocats de la défense.