L'Egypte a annoncé samedi le rappel de son ambassadeur en Isräël, pour protester contre la mort de trois membres de ses forces de sécurité. Ils ont été tués jeudi près de la frontière avec l'Etat hébreu lors d'une fusillade entre soldats israéliens et membres d'un commando venant de perpétrer un triple attentat qui a fait huit morts près d'Eilat dans le sud d'Israël. L'armée israélienne a assuré qu'une enquête serait ouverte pour déterminer les circonstances du décès des trois Egyptiens. Le gouvernement égyptien a souligné qu'il tenait Israël pour “responsable politiquement et juridiquement de cet incident”. Pour Le Caire, c'est le manque de sécurité côté israélien de la frontière qui est à l'origine des attaques et de la mort des trois Egyptiens. Selon Israël, les membres du commando venaient de la Bande de Gaza et s'étaient infiltrés en territoire israélien en passant par le désert égyptien du Sinaï. L'ambassadeur égyptien en Israël, Yasser Reda, “sera retiré jusqu'à notification des résultats de l'enquête par les autorités israéliennes”, ajoute le communiqué du gouvernement égyptien en réclamant l'ouverture immédiate des investigations. L'Egypte prendra toutes les mesures pour protéger ses frontières et “répondre à toute activité militaire israélienne” à ses frontières. C'est la première fois que l'Egypte rappelle son ambassadeur en Israël depuis novembre 2000. Le Caire avait alors dénoncé un usage “excessif” de la force par les autorités israéliennes lors de la deuxième Intifida. Le rappel de Yasser Reda a été annoncé alors que plusieurs centaines de manifestants s'étaient rassemblés devant la représentation israélienne au Caire pour réclamer l'expulsion de l'ambassadeur israélien. Mohammed Adel, un des leaders du soulèvement qui a débouché sur la chute de Hosni Moubarak en février, a salué la décision du gouvernement égyptien. “Cela prouve à tous que la révolution égyptienne est capable d'imposer ses règles à l'ennemi israélien”, a-t-il commenté. En dépit de cette crise diplomatique, le traité de paix signé en 1979 entre l'Egypte et Israël reste “stable”, ont déclaré des responsables israéliens. Amos Gilad, un haut responsable du ministère israélien de la Défense, a de son côté souligné que “personne n'a eu l'intention de faire du mal à des personnels de sécurité égyptien”. La question “est de savoir ce qui s'est passé sur le terrain et c'est ce qui fait l'objet d'une enquête”, a-t-il déclaré à la radio israélienne. Le coup de froid dans les relations entre l'Egypte et Israël intervient sur fond de regain de tensions dans la région. L'aviation israélienne a mené vendredi pour la deuxième journée consécutive une série de raids dans la bande de Gaza, en riposte aux attentats de jeudi. Les bombardements israéliens visent notamment des installations des Comités de résistance populaire (CRP), le mouvement palestinien que l'Etat hébreu accuse d'être à l'origine des attaques. Les raids ont fait 12 morts, selon un bilan palestinien, tandis que neuf Israéliens ont été blessés par des roquettes tirées de la bande de Gaza sur le sud d'Israël, d'après les autorités israéliennes. Un porte-parole du CRP, Abou Moujahid, s'est refusé à confirmer ou démentir l'implication du mouvement dans les attaques de jeudi, et déclaré que les victimes tuées au cours des bombardements israéliens seraient vengées. Le Hamas au pouvoir à Gaza a de côté démenti être à l'origine des attentats de jeudi.