Le Juge d'instruction auprès du Tribunal de première instance de Tunis 1 a émis hier un mandat d'arrêt international contre Moncef le père de Sakher El Materi le gendre de Ben Ali. Le mandat d'arrêt contre “Mohamed Moncef Materi” concerne les investigations en cours qui concernent l'affaire du Lac, dans laquelle, Moncef Materi a bénéficié de plus 44 000 m2 dans la zone prestigieuse du Lac et de plus de 29 millions de dinars. Rappelons que Tunisie Numerique a publié le 20 mai 2011 la lettre qu'a adressé Moncef Materi au peuple tunisien à travers son avocat, en guise de clarifications de la part de son client. Dans cette lettre Moncef Materi avait précisé que lorsqu'il avait quitté le pays à la fin du mois de janvier 2011 vers la France, il n'était pas en fuite des poursuites judiciaires, mais il partait pour subir une intervention chirurgicale, comme le confirment les attestations médicales à sa disposition. El Materi affirme que suite à l'opération cardiovasculaire subie, il reviendra en Tunisie et il sera prêt pour faire face à toutes les accusations. Qui est Moncef El Materi ? Moncef El Materi, est le père de Mohamed Fahd Sakhr, gendre préféré de Ben Ali. Ancien militaire reconverti dans les affaires, son histoire n'est pas banale non plus : c'est un ancien condamné à mort. Né en 1939, engagé très jeune dans l'armée, il a connu Ben Ali à Saint Cyr, au début des années 60, quand les deux hommes parachevaient leur formation d'officier au sein de la prestigieuse académie militaire française. Impliqué dans le complot de Noël 1962, une conjuration ourdie par Lazhar Chraïti pour éliminer le président Bourguiba, Moncef El Materi est condamné à la peine capitale par une cour martiale. Peine finalement commuée en dix années de travaux forcés, après l'intercession décisive de Wassila Bourguiba, la première dame, issue, comme les Materi, de la bourgeoisie beldie, et très liée avec la mère du jeune putschiste. Ses onze coaccusés ont eu moins de chance : ils ont été fusillés en janvier 1963. Radié de l'armée à sa sortie de prison, en 1973, Moncef El Materi s'est associé à son frère Tahar pour créer la société El Adwiya, aujourd'hui le plus important laboratoire pharmaceutique privé du pays et plus tard beaucoup d'autres entreprises prospères dans le secteur agroalimentaire. Discrètement réhabilité après le coup d'Etat de Ben Ali, le 7 novembre 1987, il a siégé à la Chambre des conseillers, la deuxième chambre du parlement tunisien. En Avril 2007, Moncef El Materi a été nommé à la tête de Nestlé Tunisie, en tant que président du Conseil d'administration de cette entreprise qui exerce dans le secteur agroalimentaire. Selon Nestlé, c'est Moncef El Materi lui-même qui a pris la décision d'abandonner ses fonctions au 20 janvier 2011. Le samedi 29 janvier 2011, la société Adwya, dont les activités suivent leur cours habituel ont publié un communiqué adressé aux actionnaires, aux fournisseurs ainsi qu'à la clientèle que son conseil d'administration, réuni le 26 Janvier 2011, a pris la décision de remplacer « El Materi » par un nouveau Directeur Général. Son nom, comme celui de toute sa famille, figure sur la liste des personnes considérées comme faisant partie de l'entourage proche de l'ex-dictateur.