Les présidents français et algérien, Emmanuel Macron et Abdelmajid Tebboune, ont été les seuls grands dirigeants de la planète à oser prendre publiquement la défense du Qatar. Il fallait avoir le courage de le faire dans un contexte de tirs groupés contre un "petit" Etat qui tout seul a porté quelque chose de très grand, jusqu'au bout, là où même les grandes nations se mettent parfois à deux pour organiser un Mondial. Macron avait raison : Il fallait rester sur le terrain sportif, ne pas tout mélanger pour ne pas ternir la Fête mondiale du football. Et de ce point du vue elle fut très belle la fête… La parfaite illustration est cette cape traditionnelle que l'Emir du Qatar a mise sur les épaules de la star argentine Lionel Messi, après son sacre à la finale de la Coupe du Monde face à la championne en titre, la France. Messi a finalement décroché le seul titre qui manquait à sa brillantissime carrière, au passage il tisse un solide lien avec cette partie du monde – le Qatar – qui a bluffé l'humanité entière par sa grande maîtrise des événements, de bout en bout. Personne ne cherchera plus le petit émirat gazier sur une carte, ça au moins c'est une certitude et un prodigieux gain pour tous les pays du monde dont le puissant Occident ignore parfois jusqu'à l'existence. Exister face au monde et surtout face à tous les encombrants voisins – notamment l'Arabie saoudite et l'Iran – c'était le pari très risqué du Qatar, force est de constater, en toute objectivité, que ce pari est pleinement réussi. Rarement une Coupe du Monde a été aussi bien articulée, avec quasiment aucune fausse note du début à l'apothéose de la finale. Et c'était cela l'essentiel, c'est pour cela que les équipes de football de la planète entière et leurs fans s'y étaient réunis, et pas pour autre chose… De toute évidence le Qatar a mis la barre très haut, les USA, le Mexique et le Canada, les prochains organisateurs du Mondial, devront se démener pour faire au moins aussi bien. Et pour ceux qui continuent de pointer la partie vide du verre – la question des droits humains et que sais-je encore – je leur rétorquerai que de ce point de vue aucune nation n'est en mesure de montrer patte blanche. Doit-on rappeler aux Américains tout ce qu'ils ont fait au Vietnam, en Irak, en Afghanistan et ailleurs dans le monde ? Doit-on rappeler aux maires français grincheux ce que leur pays a fait au Vietnam, en Algérie et ailleurs en Afrique, sous le sceau de l'élan "civilisateur" de la colonisation ? Enfin doit-on rappeler à la ministre allemande de l'Intérieur, qui faisait de l'activisme en plein Mondial, qu'au même moment son pays négociait avec le Qatar de gros contrats de gaz pour couvrir ses arrières ? Tout cela pour dire que le Qatar, comme tous les pays du monde du reste, a aussi droit à la magnanimité et que fatalement le pays, en vertu de son ouverture croissante, est appelé à muter à tous les niveaux. Le Qatar de demain n'aura certainement rien à voir avec celui d'aujourd'hui. Des progrès notables ont été faits dans moult domaines et la dynamique ne s'arrêtera pas. Comme le cheminement des pays occidentaux qui donnent des leçons le Qatar aussi a besoin de temps pour aller au bout de son projet, et certainement pas d'être bousculé, piétiné.
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