« Je m'inquiète pour la Banque mondiale. Sur les enjeux majeurs, comme le réchauffement climatique, elle n'a pas pris la direction des opérations dont le monde aurait besoin ». Les propos sont du prix Nobel et grand économiste Joseph Stiglitz. Pour les placer dans leur contexte, cette déclaration intervient suite à la polémique engendrée par David Malpass. En effet, le patron de la Banque mondiale, est accusé d'être climatosceptique et ce, après des propos sur les énergies fossiles et le réchauffement climatique. Si à l'époque, septembre 2022, Malpass a nié toute intention de quitter son poste, affirmant même que l'idée de démissionner ne l'avait même pas traversé, la donne a depuis changée. Et la tempête médiatique a eu raison de son attachement au poste. Février 2023, il annonce qu'il quitte son poste au 30 juin, soit une année avant la fin de son mandat. Treizième président de la Banque mondiale, David Malpass, 66 ans, a été nommé pour cinq ans en avril 2019, et ce, sur proposition de Donald Trump. En héritage il laissera, selon ses propos, un groupe « fondamentalement solide, financièrement viable et bien placé pour accroître son impact sur le développement face aux crises mondiales urgentes ». Son départ, il le présenta alors comme « une opportunité pour une transition de direction en douceur ». Cependant, ce qu'on gardera surtout de Malpass c'est sa position quant à la question climatique. En effet, lors d'une table ronde organisée par le New York Times en septembre 2022, David Malpass avait refusé à trois reprises de dire s'il reconnaissait le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique. Le tollé qui s'en est suivi à été d'envergure mondiale. L'ancien vice-président américain, Al Gore, est allé jusqu'à l'accuser d'être climatosceptique et de n'avoir pas su renforcer le financement de projets climatiques dans les pays en développement. Relater ces faits permettrait de comprendre mieux la position hâtive et cavalière de la Banque Mondiale ? Peut-être bien, car le diable se cache dans les détails ! Cette missive ; note interne ; a-t-elle été élaborée en concertation avec Ferid Belhaj, tunisien de son état et vice-président de la BM de par sa fonction ? On n'en sais pas davantage pour l'instant. Mais, la fuite d'une note interne servira, certainement, la position de Malpass. Une belle porte de sortie pour le climatosceptique qui prend sa posture de défenseur des droits de l'homme et des minorités subsahariennes soi-disant en grand danger en Tunisie ! C'est la thèse la plus plausible, quoiqu'elle demeure au stade de thèse. Toutefois, une question persiste et elle est légitime : Que gagne Malpass ? D'abord, de la popularité. La position en faveur des minorités au lendemain du mouvement Black Lives Matter est toujours positivement reçue. Ensuite, Malpass conforte la position de l'administration Biden par rapport à la politique du président Saïed. La note fuitée est un excellent moyen de pression. Surtout, qu'elle fait suite à une autre fuite, celle des procès verbaux des dernières arrestations, dans lesquels plusieurs noms de l'ambassade américaine en Tunisie ont été associés à certains protagonistes. La présomption d'innocence prévaut toujours. Mais, c'est fâcheux pour l'images des USA en Tunisie. Enfin, et c'est ce qui paraît comme le plus important, c'est la question de l'héritage. La « legacy » en anglais. De prime importance pour marquer un passage dans une institution et préparer la phase suivante. C'est le legs, positif ou négatif soit-il, qui marquera l'étape à venir. Malpass a réussi à redorer son blason sur le dos de la Tunisie. Il gagnera en tous les cas à relire les traductions officielles des propos du président tunisien ! Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!