L'ex-commissaire européen Mario Monti a nommé à la tête du gouvernement italien par le président Giorgio Napolitano, dimanche 13 novembre, succédant officiellement à Silvio Berlusconi. Il doit désormais former son nouveau gouvernement. Selon la Constitution, sa nomination doit être approuvée dans les dix jours par les deux chambres du Parlement. La nomination de M. Monti, nommé sénateur à vie au cours de la semaine, ne faisait plus guère de doutes. Il aura fallu un marathon de consultations tout au long de la journée de dimanche pour l'officialiser. Agé de 68 ans, lombard, ancien élève, à l'université Yale, du Prix Nobel d'économie James Tobin, Mario Monti apparaît depuis le début de la crise politique comme la solution idéale pour rassurer les marchés et engager les réformes nécessaires à la tête d'un gouvernement de “large entente”. Mario Monti avait déjà reçu le soutien de la plupart des formations politiques transalpines pour former un gouvernement d'union, notamment du centre et de la gauche malgré la hausse annoncé de l'age de la retraite. Il a même reçu le soutien de son prédecesseur, qui l'avait reçu pendant deux heures à déjeuner samedi. Dimanche, Silvio Berlusconi s'est dit prêt à faire son devoir et à soutenir un gouvernement “technique”, tout en affirmant qu'il “redoublerait son engagement au Parlement et dans les institutions pour rénover l'Italie. Je ne me rendrai pas tant que je n'aurai pas rénové l'architecture de l'Etat”. TENSION SUR LES NOMINATIONS Le cas du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, est plus épineux. Angelino Alfano, secrétaire du PDL, a assuré dimanche que son parti soutiendrait un gouvernement technique dirigé par Mario Monti. Mais ce soutien est soumis à des conditions sur la composition et le programme de la prochaine équipe gouvernementale qui ne sont pas encore très claires. Preuve de la tension ambiante, la liste des nouveaux ministres ne pourrait être connue que lundi, selon des sources parlementaires citées par l'agence ANSA. Il existe une forte opposition au sein même du PDL à toute participation à ce gouvernement. La Ligue du Nord, ancien allié de M. Berlusconi, refuse à l'heure actuelle de participer à toute coalition. Roberto Maroni, ministre de l'intérieur dans le gouvernement sortant, pronostique même que Mario Monti éprouvera de grandes difficultés à faire passer les réformes économiques. La mission de Mario Monti ne s'annonce donc pas comme une partie de plaisir, et la presse transalpine ne manquait pas de le souligner dimanche matin : “La route est accidentée et pour la parcourir il ne faut pas faire d'erreur”, met en garde le quotidien de référence Il Corriere della Sera. Encore plus pessimiste et mordant, Il Giornale, le journal de la famille Berlusconi, annonce en “une” : “Monti, le précaire”. TOUR DE VIS BUDGETAIRE Sur le plan économique, l'incertitude des dernières semaines a fortement pénalisé l'Italie sur les marchés obligataires, et Rome espère que l'arrivée de Mario Monti permettra de rassurer la planète financière. L'un des premiers chantiers devrait être la réforme du système de retraites. L'âge des “pensions de vieillesse” doit passer à 67 ans en 2026 mais la Ligue du Nord a empêché Silvio Berlusconi de toucher aux “pensions d'ancienneté” qui permettent de partir à n'importe quel âge avec 40 ans de cotisations, alors que l'UE le réclame. M. Monti devra aussi certainement se résoudre à un nouveau tour de vis budgétaire – comme le demande l'UE, qui surveille l'Italie avec le FMI et la BCE. Car selon les dernières prévisions de Bruxelles, Rome ne réussira pas, à cause d'une croissance au point mort, à tenir son objectif d'équilibre budgétaire en 2013, date des prochaines élections législatives.