«Le religieux et le politique dans un Etat de droit» est le thème du 3ème Forum international de la revue «Réalités» dont les travaux ont démarré, jeudi soir, à Yasmine Hammamet, et se poursuivront durant deux jours, avec la participation de chercheurs, politiciens et religieux de Tunisie et de l'étranger. Le président du forum et directeur de «Réalités», Taieb Zahar, a indiqué que cette rencontre offre l'opportunité d'approfondir le débat sur le dialogue entre les religions et leurs relations avec l'être humain à la lumière des conflits intellectuels, idéologiques et politiques que connaît le monde aujourd'hui à propos de la place de la religion dans l'Etat. M. Ahmed Néjib Chebbi, l'un des fondateurs du PDP, a fait remarquer qu'il n'existe pas de problèmes entre la religion islamique et le politique en Tunisie, soulignant que le vrai problème réside dans le fait qu'un groupe veut imposer sa lecture de l'Islam sur les autres dans un pays qui croit en la liberté de croyance. Il a souligné que la Tunisie se caractérise par un processus réformiste et une lecture appropriée de la religion et de sa relation avec l'Etat depuis l'époque de Kheireddine Pacha, fondateur de l'école réformiste, qui rejette toute opposition entre la religion et la réforme et offre au pays un processus qui lui permet l'adéquation entre l'attachement à l'identité arabo-musulmane et la modernité. Chebbi estime que le discours du mouvement Ennahdha se caractérise par un double langage et un refus de déterminer sa position vis à vis des textes fondateurs des mouvements islamistes qui représentent son référentiel en particulier les plus proches du mouvement wahabite. Il a indiqué que les dernières déclarations du secrétaire général du mouvement Ennahdha à propos du 6ème Califat, constituent une dérive des objectifs de la Révolution tunisienne, précisant qu'il n'y a aucune chance pour un projet de société rétrograde dans une Tunisie qui a passé 150 ans sur la voie du progrès et de la modernité. S'agissant de l'élaboration de la nouvelle constitution, il a souligné la nécessité de préserver l'article Premier de l'ancienne Constitution et de lui rapprocher les articles 5 et 6 surtout qu'ils garantissent la liberté de croyance et la non discrimination selon des considérations religieuses. Organisé avec le concours de la Commission de l'Union européenne à Tunis, la fondation Friedrich Ebert et l'Alecso, le Forum se penche sur les expériences comparées entre pays musulmans (Turquie, Iran, Tunisie) et pays européens (Pologne, Allemagne, France et Malte) ainsi que sur la place de la religion dans la nouvelle Constitution tunisienne.