Dans ce magma sécuritaire, politique et économique au Sahel, que les coups d'Etat n'ont pas calmé, bien au contraire, certains s'en sortent mieux que d'autres. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont dégainé l'Alliance des Etats du Sahel (AES) pour s'affranchir de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) et sa cohorte de sanctions. Mais les destins économiques des trois pays sont différents. En 2024 le Burkina délogera le Mali de la 4e place dans le classement des économies de la zone CFA, d'après le FMI… D'après l'institution internationale les pays de l'AES afficheront 62,3 milliards de dollars de PIB cumulé, mais c'est le Burkina Faso qui tirera le mieux son épingle du jeu, d'après les derniers indicateurs des perspectives économiques régionales publiées ce mois d'avril. Le voisin, le Mali, sera rétrogradé à la 5e place dans la zone CFA. D'après ces données l'économie burkinabé, évaluée à 20,3 milliards de dollars (à prix courants) en 2023, montera à 21,9 milliards cette année. Seuls la Côte d'Ivoire, le Cameroun et le Sénégal feront mieux en 2024 que le Burkina Faso. Ouagadougou est certes très loin du leader, Abidjan, avec son PIB de 86,9 milliards de dollars cette année, mais les Burkinabé ont de bonnes raisons d'y croire, surtout avec la réforme du Code minier. Le Mali aussi a progressé, avec un PIB de 20,6 milliards de dollars en 2023 et 21,6 milliards cette année, mais pas suffisamment pour garder sa 4e place. Le Mali et le Burkina Faso sont connus pour leurs ressources minières, mais pour en tirer un bénéfice maximal il faudra gagner les batailles sécuritaire, politique et constitutionnel. De ce point de vue la junte burkinabé est mieux lotie que les putschistes du Mali, qui font face à une pression croissante pour rétablir l'ordre constitutionnel et restituer le pouvoir aux civils, après des élections en bonne et due forme. Le combat est aussi financier et économique. Depuis qu'ils ont montré leurs velléités de couper les ponts avec la CEDEAO et la monnaie régionale, symbole patent du colonialisme – c'est eux qui le disent -, le Franc CFA, les marchés se crispent, terrifiés par la perspective de lendemains qui déchantent. C'est la raison pour laquelle en janvier dernier le Burkina Faso a dû renoncer à sa sortie sur le marché régional pour collecter 35 milliards de FCFA. Alors est-ce que la future monnaie brandie par l'AES et l'Union économique derrière tiendront leurs promesses ? Nul ne le sait, ce qui est certain c'est que l'annonce de la levée des sanctions de la CEDEAO a fait du bien aux économies du Sahel, ce qui prouve que la communauté ouest-africaine a du bon. Il ne sera pas facile d'enterrer l'organisation régionale, quoi qu'en disent les juntes militaires qui jusqu'ici n'ont pas apporté la preuve que leur règne est plus salutaire que les chef d'Etat qu'ils ont éjectés, tous choisis par les électeurs. Maintenant un mot sur le leader régional, la Côte d'Ivoire. Le pays d'Alassane Ouattara enchaîne les prouesses : Une croissance solide dans la durée, le relèvement de sa note de crédit par l'agence américaine Moody's (au même niveau que le Brésil et le Vietnam tout de même !) et maintenant l'entrée dans le capital de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)… Et puis il y a surtout les horizons, grands ouverts. Abidjan s'apprête à tirer de gros profits de l'exploitation de ses immenses ressources pétrolières et gazières, de quoi propulser son PIB à 100 milliards de dollars en 2026 et 109 milliards en 2027. Qui dit mieux parmi les économies de la région ? Personne… Classement des économies de la zone CFA en 2024 d'après les prévisions du FMI Rang Pays PIB (milliards de dollars) 1 Côte d'Ivoire 86,91 2 Cameroun 53,20 3 Sénégal 35,45 4 Burkina Faso 21,90 5 Mali 21,66 6 Bénin 21,37 7 Gabon 21,01 8 Niger 18,81 9 Tchad 18,69 10 République du Congo 15,50 11 Guinée équatoriale 10,70 12 Togo 9,83 13 Centrafrique 2,81 14 Guinée Bissau 2,15
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