La France bruisse encore du séisme politique provoqué par le président Emmanuel Macron : la dissolution du Parlement français et dans la foulée des législatives anticipées, dès ce 30 juin. Un délai très court qui provoque la panique dans les états-majors des partis politiques. Le coup de poker est très risqué : Soit le camp présidentiel rafle la mise avec une majorité confortable (c'est très peu probable vu la dynamique de l'extrême droite), soit Marine Le Pen et Jordan Bardella confirment le triomphe des européennes. Et là changement de cap politique, économique et tout le toutim. Donc clairement le pays file vers des lendemains incertains, un flou que déteste l'économie. La Bourse de Paris a mal réagi ce lundi 10 juin, le CAC 40 a dévissé de 2% et les taux d'intérêts des emprunts de l'Etat français à 10 ans flambent déjà. À 14h l'indice de la Bourse de Paris avait chuté de 1,63%. Les replis les plus importants concernent le secteur bancaire : Société Générale -7,4%, BNP Paribas -4,8% et le Crédit Agricole -3,7%. Puis viennent les entreprises des secteurs des autoroutes, de l'électricité et du gaz. «Les investisseurs ont horreur de l'incertitude, ils ont été aussi surpris que les Français par le discours d'Emmanuel Macron, explique Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management. Il y a beaucoup d'interrogations sur la façon dont l'économie française va pouvoir fonctionner dans le futur, et sur le positionnement de la France au sein de l'Europe». La possibilité que le Rassemblement national impose une cohabitation en juillet prochain a fait monter les taux d'emprunt de la France sur les marchés obligataires, on est à plus de 3,20%, soit le chiffre le plus haut depuis novembre, contre 3,10% à la clôture vendredi dernier. L'écart de taux avec l'Allemagne – dénommé «spread» -, lequel est l'indicateur phare de la confiance des investisseurs, s'est replié, passant de 47 à 52 points de base. Certes la dynamique de l'extrême droite sur le continent européen (Allemagne, en Italie, Autriche, Pays-Bas) n'a pas impacté les rapports de force au Parlement mais les bourses européennes si. À 14 heures ce lundi Francfort lâchait 0,51%, Milan 0,41%, Madrid 0,50%, alors que l'indice paneuropéen Stoxx 600 perdait 0,44%. L'euro s'est également érodé de 0,44% en comparaison avec le dollar, à 1,0754 dollar pour un euro. «La France et l'Allemagne, deux poids lourds de la construction européenne, ont été bousculés par ces élections, détaille Philippe Waechter. Les partis d'extrême droite ont marqué des points [l'AfD est arrivé en deuxième position en Allemagne, NDLR]. Ces formations occuperont une place plus importante au Parlement européen avec la possibilité, en cas d'entente, de bloquer les institutions. Les signaux envoyés par le vote de dimanche européen sont préoccupants». Il n'est pas impossible que le président français ait fait le pari des législatives anticipées pour que les Français sautent enfin le pas qui les démange depuis 2002, quand Jean-Marie Le Pen se retrouva au second tour de la présidentielle. Donner les clés du pays à l'extrême droite pour qu'elle fasse enfin la démonstration éclatante du caractère inopérant de ses solutions de facilité (protectionnisme économique, fermeture totale des frontières, immigration zéro, préférence nationale, etc.), pourquoi pas. Et les faits plaident pour Macron : En effet le bilan de la dizaine de villes gérées par l'extrême droite depuis 2014 n'est pas brillant… C'est ce lourd passif qui terrifie les marchés et les investisseurs. Le chef de l'Etat et la France jouent très gros dans cette affaire.
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