L'adhésion à la plateforme Tunichéque, qui atteint seulement 2,66% au cours de la troisième semaine de février 2025, révèle une réticence marquée des clients des banques à adopter ce nouveau système. Malgré un lancement initial prometteur, avec 68 000 comptes ouverts en seulement quatre jours, l'engouement semble s'estomper rapidement. Cette situation soulève des interrogations sur les alternatives disponibles pour moderniser le paysage bancaire tunisien. Un contexte de réticence et d'inquiétude Les transactions par chèque, notamment celles de garantie, occupent une place prépondérante dans l'environnement économique tunisien. Ce mécanisme de paiement a longtemps été perçu comme un outil de financement essentiel, offrant aux entreprises et aux particuliers une flexibilité appréciable. Cependant, la récente réforme du système des chèques en Tunisie suscite des préoccupations quant à son impact sur cette pratique bien ancrée. La nouvelle législation, entrée en vigueur début février 2025, vise à renforcer la sécurité des échanges commerciaux et à améliorer les pratiques bancaires. Toutefois, elle impose des restrictions significatives, telles qu'un plafond de 30 000 dinars par chèque et une durée de validité limitée pour les carnets de chèques. Ces changements ont provoqué un choc économique, avec une baisse notable des transactions et une paralysie de certains secteurs, notamment celui de l'ameublement, où les achats à crédit étaient courants. L'une des raisons principales qui expliquent la réticence des clients envers ce nouveau système réside dans l'absence d'alternatives viables pour remplacer le chèque. En effet, le chèque a été historiquement utilisé non seulement comme un moyen de paiement, mais aussi comme un instrument de crédit. La faible adhésion à Tunichéque s'explique aussi par plusieurs facteurs. D'abord, la méfiance envers les nouvelles technologies financières est palpable. Les utilisateurs craignent pour la sécurité de leurs données personnelles et l'intégrité des transactions. De plus, la transition vers un système numérique implique une adaptation que beaucoup de clients ne sont pas prêts à entreprendre. Les experts soulignent qu'il est essentiel d'améliorer la sensibilisation et l'éducation financière pour rassurer les utilisateurs potentiels et les inciter à faire le pas vers cette digitalisation. Alternatives au chèque traditionnel Face à cette situation, plusieurs alternatives émergent pour remplacer le chèque traditionnel. Les cartes bancaires et les paiements mobiles sont au cœur de cette transformation. Ces moyens de paiement offrent non seulement une plus grande sécurité, mais également une commodité appréciée par les consommateurs modernes. Cependant, leur adoption reste faible en Tunisie, où le cash demeure prédominant. Les experts recommandent donc une modernisation des infrastructures bancaires et une campagne de sensibilisation pour encourager l'utilisation de ces outils numériques. Les lettres de change, ou traites, constituent une autre option potentielle pour remplacer le chèque. Cet instrument commercial permet d'établir un engagement de paiement à une date déterminée. Cependant, son utilisation reste limitée en raison de lacunes dans le cadre juridique actuel. Pour favoriser son adoption, il serait bénéfique de créer des bureaux de crédit qui évaluent la solvabilité des partenaires commerciaux, ce qui renforcerait la confiance dans ce mode de paiement. Vers une réforme durable du système bancaire Pour remédier à cette faible adhésion et encourager l'utilisation de Tunichéque, des mesures d'accompagnement doivent être mises en place. La Banque Centrale de Tunisie pourrait jouer un rôle clé en facilitant l'accès aux crédits d'exploitation pour les entreprises et en soutenant les initiatives visant à promouvoir les paiements électroniques. En parallèle, il est capital d'améliorer la confiance des consommateurs dans les transactions numériques par le biais d'une réglementation stricte et d'un cadre légal clair. La situation actuelle de Tunichéque illustre les obstacles auxquels fait face le secteur bancaire tunisien dans sa quête de modernisation. L'engagement des banques et des autorités financières sera déterminant pour transformer ce paysage et favoriser une adoption plus large des solutions numériques. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!