Un nouveau coup de tonnerre protectionniste venu de Washington Le président américain Donald Trump a annoncé l'instauration de droits de douane de 25 % sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 2 avril 2025, s'inscrit dans une série de décisions protectionnistes ciblant les secteurs jugés stratégiques, après l'aluminium, l'acier ou encore les produits mexicains et canadiens. « Nous allons faire payer les pays qui font des affaires dans notre pays et prennent notre richesse », a déclaré Trump depuis la Maison-Blanche, précisant que les voitures fabriquées sur le sol américain seront exemptées de ces droits. Une surtaxe qui s'ajoute aux droits déjà existants Actuellement, les voitures importées sont taxées à hauteur de 2,5 %. Avec la nouvelle décision présidentielle, ce taux passe à 27,5 %, ce qui représente une multiplication par onze de la taxe initiale. Pour certains produits spécifiques comme les voitures électriques chinoises, déjà surtaxées à 100 % depuis août 2024, cette nouvelle mesure portera la taxe totale à 125 %. Selon un conseiller de la Maison-Blanche, ces nouveaux droits de douane sur l'automobile seront permanents, contrairement aux droits dits « réciproques » qui seront « modulables » selon les pays. L'Union européenne dénonce une décision unilatérale La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rapidement réagi à cette annonce, exprimant « un profond regret » et soulignant que l'UE continuerait à chercher « des solutions négociées » pour éviter une escalade commerciale. Cette taxe pourrait raviver les tensions entre Bruxelles et Washington, alors que les discussions bilatérales sur la régulation des échanges sont déjà fragiles. Une mesure qui impactera aussi l'industrie américaine Contrairement à ce qu'on pourrait penser, cette décision pourrait affecter négativement les constructeurs américains eux-mêmes. Ford, par exemple, importe 20 % de ses véhicules vendus aux Etats-Unis, certains depuis la Turquie, tandis que General Motors importe environ 750 000 véhicules par an depuis le Canada et le Mexique, ce qui en fait le premier importateur de véhicules aux Etats-Unis. Or, la chaîne de production automobile nord-américaine est fortement intégrée entre les trois pays de l'Accord Etats-Unis–Mexique–Canada (AEUMC). Ces taxes risquent donc de désorganiser les flux logistiques, d'alourdir les coûts de production, et d'entraîner des hausses de prix pour les consommateurs américains. Un "jour de la libération" pour Trump La date du 2 avril est présentée par Donald Trump comme un « jour de la libération économique », puisqu'elle marquera également le lancement de ses droits de douane dits "réciproques". Ces derniers visent à aligner les taxes sur les produits entrants aux Etats-Unis au même niveau que ceux imposés par les pays d'origine sur les produits américains exportés. Bien que Trump ait initialement exclu toute exemption, il a depuis tempéré sa position en affirmant que ces droits « seront très cléments » et que « les gens seront surpris ». Un précédent qui inquiète l'industrie mondiale S'il n'avait pas mis en place de droits de douane sur les véhicules durant son premier mandat, Donald Trump avait pourtant demandé une enquête du ministère du Commerce dès 2018, finalisée en 2019. Celle-ci constituait la base juridique de la décision prise aujourd'hui. Le président a profité de sa nouvelle campagne pour accélérer ce projet qu'il considère comme un pilier de son programme de réindustrialisation américaine. Ryan Majerus, ancien responsable du ministère du Commerce, confirme que le secteur automobile permet des mises en œuvre plus rapides, contrairement au bois ou au cuivre, encore à l'étude. Cette rapidité permet à la Maison-Blanche de frapper fort à quelques mois d'échéances électorales cruciales. Une nouvelle ère de tensions commerciales ? Cette annonce ouvre une nouvelle phase de tensions commerciales, non seulement avec la Chine et l'Union européenne, mais aussi potentiellement avec les partenaires historiques des Etats-Unis comme le Canada, le Mexique, le Japon et la Corée du Sud. Les prochains jours seront déterminants pour mesurer l'ampleur des réactions internationales, et surtout, les effets économiques concrets sur les prix à la consommation, l'emploi industriel, et les relations diplomatiques. Pour l'heure, le signal envoyé par Washington est clair : priorité à la production nationale, à tout prix. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!