TUNIS (TAP) - L'éradication de la torture constitue un critère fondamental du succès de la transition démocratique, ont souligné, lundi à Tunis, les membres d'une délégation de l'organisation mondiale contre la torture (OMCT), au terme de leur visite d'une semaine en Tunisie. Lors d'une conférence de presse, les membres de la délégation ont appelé le Gouvernement provisoire et toutes les parties concernées par la transition démocratique à placer la question de la torture au premier rang des préoccupations, d'autant que l'ancien régime a légué "un héritage politique" caractérisé par la pratique de la torture. Ils se sont félicités de la teneur de leur entrevue avec le Premier ministre du Gouvernement de transition, M. Béji Caid Essebsi qui les a assurés, ont-ils relevé, que la Tunisie déposera, très prochainement, les documents de ratification du protocole additionnel à la convention des Nations Unies contre la torture (OPACT). Les membres de la délégation de l'OMCT ont fait part de leur ''forte préoccupation'', s'agissant de ''graves allégations'' selon lesquelles des actes de torture et d'autres traitements dégradants ''continuaient d'être perpétrés, en toute impunité". Dans ce contexte, ils ont demandé l'accélération de la mise sur pied de réformes appropriées afin que les auteurs de ces pratiques répréhensibles soient sanctionnés. Concernant le volet juridique, les intervenants ont recommandé aux autorités de transition de mettre en oeuvre des réformes juridiques susceptibles de protéger les droits de l'Homme en permettant, en particulier au système judiciaire d'assumer sa responsabilité légale et professionnelle pour poursuivre les auteurs de la torture. Evoquant leur visite à un certain nombre de lieux de détention, les membres de la délégation de l'OMCT ont indiqué que sur la base d'informations recueillies, il est nécessaire de réunir les conditions légales durant la période d'arrestation et de faciliter l'accès des avocats aux accusés, dès leur arrestation, outre le contrôle judiciaire des personnes en état d'arrestation ou détenues. ''Il est impératif de mettre en place un mécanisme national indépendant de prévention contre la torture et la nécessité de dissocier les services de renseignements et ceux de la police judiciaire'', ont-il affirmé, faisant ressortir la nécessité d'instaurer, dans le même sillage une autre structure indépendante chargée de l'évaluation de la réforme du système pénitentiaire et sa conformité avec les normes internationales en matière des droits de l'Homme. La délégation comprenant plusieurs experts était conduite, notamment par MM. Yves Berthelot, Eric Sottas et Gerald Staberock, respectivement président, Secrétaire Général et Secrétaire Général Adjoint de l'OMCT.