TUNIS, 11 jan 2010 (TAP) - M. Joseph Eugène Stiglitz, illustre universitaire américain et Prix Nobel de l'économie en 2001 pour ses travaux sur «l'influence de la distribution inégale des informations sur le comportement des marchés financiers», a donné, lundi, à Tunis, une conférence, sur le thème «l'après crise financière, les options pour l'Afrique». Farouche partisan du développement des pays du Tiers-monde et de l'économie sociale, M.Stiglitz plaide pour une économie adaptée à chaque situation, voire une économie à visage humain qui profite à tout le monde et permet de réduire les disparités entre riches et pauvres. Concernant la crise économique mondiale, le penseur estime que la reprise sera lente, contrairement, aux prévisions de certains économistes, relevant que le vrai retour à la normale ne sera réellement palpable qu'à partir de 2012 et 2013. Les pays du monde doivent, cependant, non seulement préparer la période post-crise mais anticiper d'autres crises qui peuvent survenir à l'avenir, a-t-il prévenu. Dans son analyse des sources de la crise, M. Stiglitz a relevé que le capitalisme et les systèmes des marchés financiers ont montré leurs limites, faisant remarquer que dans l'actuel contexte de la globalisation un système financier défaillant génère obligatoirement la déficience des systèmes économiques et a des conséquences négatives sur le développement social. Pour palier les faiblesses des anciens modèles, il faut réfléchir à des systèmes financiers et économiques capables de résoudre les problèmes de base, créer des investissements qui peuvent améliorer les conditions de vie des citoyens, investir dans le secteur de l'énergie et de l'environnement et transcender le simple concept de croissance pour celui d'une «croissance de qualité», a-t-il dit. Il s'agit, concrètement d'associer au progrès économique et à «l'innovation financière» un progrès et un bien-être social durable et stabilisateur, a-t-il ajouté. Pour l'Afrique, le double prix Nobel a recommandé des réformes globales dans le sens d'une meilleure exploitation des ressources naturelles du continent, le développement de nouvelles stratégies de management, la révision des critères de calcul de la croissance, l'investissement dans les domaines des nouvelles technologies et du développement durable, la promotion des secteurs de l'éducation et de la santé, la réalisation d'une meilleure intégration à l'économie mondialisée par la diversification des produits et services. M. Joseph Eugène Stiglitz a co-dirigé, en 2008-2009, une commission composée d'une vingtaine d'experts mondiaux et chargée par le président Français Nicola Sarkozy de réfléchir sur les moyens d'améliorer la visibilité et l'acceptabilité de la donne statistique. La commission a recommandé aux staticiens d'être davantage à l'écoute des ménages et à tout ce qui les touche de près (impôts, prestations sociales, intérêts des prêts, accès aux soins, à l'éducations..). M. Stglitz, co-lauréat du prix Nobel de la paix 2007, fut aussi le principal auteur du rapport 1995 du groupe d'experts intergouvernemental sur les changements climatiques.