M. Joseph Eugène Stiglitz, Prix Nobel de l'économie 2001 TUNIS, 12 jan 2010 (TAP) - «Aucun marché ne peut réussir sans l'intervention de l'Etat», a souligné M. Joseph Eugène Stiglitz, Prix Nobel de l'économie 2001, lors de la conférence qu'il a donnée, mardi, au Centre national de la cartographie et de télédétection, sur le thème «la crise financière: leçons et perspectives», en présence de M. Kamel Morjane, ministre de la Défense nationale. Le prix Nobel a mis l'accent sur le grand rôle que les gouvernements sont appelés à jouer dans la gestion de l'économie, la régulation du système bancaire, et partant, la dissuasion de toute récession. Il a ajouté que l'Etat se doit de mettre en place un système pour prémunir des crises, individus et institutions. Le prix Nobel s'est félicité de la stratégie préventive mise au point par le gouvernement tunisien pour sauver l'économie du pays et soutenir le développement. Après avoir passé en revue les causes et les conséquences de la crise financière sur l'économie aux Etats Unis et les efforts déployés pour faire face à cette crise, le prix Nobel a déclaré que la reprise économique sera lente, contrairement, aux prévisions de certains économistes, et que le vrai retour à la normale ne sera réellement tangible qu'à partir de 2012, 2013 et 2014. M.Stiglitz a souligné le besoin, de nos jours, de se concentrer sur la stabilité financière et sur l'adoption de politiques efficaces, faisant remarquer que les pays en développement ont besoin d'un modèle de développement plus équilibré. Il a relevé, à ce sujet, que le capitalisme et les systèmes des marchés financiers ont montré leurs limites, faisant remarquer que dans l'actuel contexte de la globalisation un système financier défaillant génère obligatoirement la déficience des systèmes économiques et a des conséquences négatives sur le développement social. Pour pallier les faiblesses des anciens modèles, il importe de réfléchir, selon lui, à de nouveaux systèmes financiers et économiques capables de résoudre les problèmes de base et donner la priorité aux investissements qui peuvent améliorer les conditions de vie des citoyens. Pour bien se préparer à d'éventuelles crises, le prix Nobel a recommandé, également, de diversifier les risques pour mieux les gérer et inventer des systèmes susceptibles d'éviter ce genre de crise. Le prix Nobel a indiqué que l'accent gagnerait à être mis, dorénavant, sur les stratégies qui favorisent un développement durable, une croissance soutenue et une équité sociale. La mondialisation, a-t-il dit, doit être mieux gérée, et ce, conformément à de bonnes règles internationales. Au-delà de la crise, d'autres questions nécessitent une réflexion approfondie. Il s'agit, entre autres, pour le double prix Nobel de l'économie (2001) et de la paix (2007) des changements climatiques, de l'énergie, de la sécurité alimentaire et du terrorisme. Pour faire face à l'ensemble de ces problèmes, tous les pays du monde, a dit M. Stiglitz, doivent travailler en étroite collaboration. Ont assisté à cette conférence les auditeurs de la 27ème session de l'Institut de la défense nationale, ceux de la 3ème session de l'Institut de développement des compétences des hauts fonctionnaires relevant de l'Ecole Nationale d'administration et de hauts cadres de l'administration et des institutions financières.