TUNIS (TAP) - La question "Quel comportement électoral dans la constituante ?" a été au centre d'une conférence organisée, vendredi après-midi, au Centre international Al-Kawakibi pour la transition démocratique (KADEM), à Tunis, en collaboration avec le Réseau de Tunisie des droits, des libertés et de la dignité et avec la participation de plusieurs représentants de partis politiques et d'académiciens et de juristes. Les participants à la conférence ont souligné l'impératif de fournir toutes les garanties d'ordre organisationnel et logistique pour assurer le succès de cette importante échéance politique, et d'oeuvrer à ancrer un comportement électoral dans les rangs de la base électorale, toutes composantes confondues, électeurs, candidats et administration, de façon à refléter la mutation profonde que vit la Tunisie depuis le 14 janvier 2011. L'ancien doyen de la Faculté de droit et des sciences politiques, M. Sadok Belaïd, a affirmé que l'élection "est principalement un comportement et non seulement des législations et des applications juridiques", appelant à la nécessité de fixer des référentiels éthiques et à instaurer des principes communs pour toutes les parties concernées par le scrutin pour garantir le déroulement des élections dans les meilleures conditions. Il a, d'autre part, indiqué que les principes du comportement électoral se résument dans la transparence des relations entre les parties participantes aux élections, dans le respect mutuel entre tous les intervenants et dans la consécration de la citoyenneté de manière à éviter toute manifestation de violence. De son côté, M. Mohsen Marzouk, président du comité exécutif du centre "Kawakibi", a mis en relief l'importance de cet événement, faisant observer que la phase de constitution que la Tunisie s'apprête à vivre ne signifie pas impérativement une rupture avec la passé et une refonte totale. Il a précisé que "le système politique en Tunisie est en cours d'être refaçonné sur la base d'une rupture avec la tyrannie qui a marqué l'histoire de la Tunisie moderne." Pour sa part, le représentant du Mouvement "Ennahdha", M. Mourad Laabidi a indiqué que l'Assemblée nationale constituante "ne sera pas l'expression du projet politique d'un parti donné, mais traduira la vision d'une institution nationale composée de plusieurs partis politiques et personnalités nationales et indépendantes." Il a insisté sur la nécessité de l'interaction entre l'administration, l'institution qui assure la supervision du scrutin, les électeurs et les candidats, pour fonder un comportement électoral sain, considérant que toute défaillance pourrait être source de tension." M. Laabidi a appelé à la neutralité des mosquées pour qu'elles ne soient pas transformées en des espaces d'éducation politique et de propagandes partisanes. A son tour, M. Mohamed Goumani, secrétaire général du Parti de la réforme et du développement, a considéré qu'il est difficile d'organiser des élections "sans la consécration du principe de la citoyenneté", appelant à ancrer un nouveau comportement civique chez toutes les parties de l'opération électorale et à accepter les résultats du scrutin ; des propos qui ont été soutenus par le porte-parole officiel du Mouvement du peuple unioniste progressiste (MPUP), Khaled Krichi, qui a revendiqué l'élaboration d'un code de conduite électoral. Il a également appelé à réduire le nombre des listes candidates à ces élections ainsi que celui des partis politiques, en encourageant les alliances et les fronts, tout en évitant la personnalisation des élections. Intervenant à cette occasion, M. Abderrazak Hammami, porte-parole officiel du Parti du Travail Patriotique et Démocratique Tunisien, a souligné l'impératif pour les parties intervenantes dans l'opération électorale d'éviter de se lancer mutuellement des accusations et d'adopter des discours qui appellent à la discorde, tout en oeuvrant à garantir un climat de sécurité propre à inciter les électeurs à exercer leur devoir électoral et à assurer l'indépendance des médias et de l'administration. Quant au représentant du parti de l'Unité populaire, Adel Kadri, il a recommandé de fixer une durée limite pour le travail de la Constituante et de former un conseil national des partis doté de la compétence de contrôle de l'action du Gouvernement. Le maître de conférence, Abdelaziz Jaziri a considéré que le temps est venu pour assurer la neutralité de certaines parties intervenantes dans l'opération électorale, telles que l'armée nationale, les magistrats et les organismes de sécurité."