TUNIS (TAP) - M. Rached Ghannouchi, président du mouvement "Ennahdha" a déclaré que le détournement de la mission dévolue à la haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, l'usurpation de la qualité d'instance parlementaire élue et la concentration sur des questions qui ne relèvent pas de sa compétence, sont autant de raisons qui ont poussé le mouvement à confirmer son retrait définitif de l'instance. S'exprimant lors d'une conférence de presse tenue par le mouvement, lundi matin, au siège du parti, à Tunis, en présence des représentants des médias nationaux, arabes et internationaux, M. Rached Ghannouchi a affirmé que la priorité pour la haute instance, à l'heure actuelle, est de préparer l'organisation des élections de la Constituante et de sortir de la crise de la légitimité qui secoue les institutions de l'Etat, et non point d'adopter des textes législatifs qui sont du ressort de la Constituante qui sera élue prochainement. Le mouvement Ennahdha n'est pas disposé, a-t-il dit, à assumer la responsabilité du détournement de l'instance de ses missions, indiquant que certaines parties au sein de l'instance essayent de reporter les élections, de proposer l'organisation d'un référendum, de réviser la Constitution du 1er juin 1959 et de prolonger la période du gouvernement transitoire. Commentant la position du président de l'instance qui exerce une sorte de tutelle et adopte une attitude hautaine, il a précisé que le mouvement a accepté de faire partie intégrante de l'instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, partant du souci de contribuer à la réussite de la transition démocratique, en dépit des déséquilibres qui prévalent au sein de la composition de l'instance. Pour sa part, M. Samir Dilou, membre du bureau exécutif du mouvement et membre de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution a démenti ce que certains médias tentent de propager concernant la raison du retrait du mouvement de l'instance qui est en rapport avec le décret-loi sur les élections dans son volet relatif au financement politique et avec la question de la normalisation débattue dans le cadre du projet du pacte républicain. Il a indiqué, à ce propos, que le mouvement est disposé à être interrogé sur les sources de financement du parti au même titre que tous les partis, relevant que le mouvement est favorable à ce que le pacte républicain renferme des principes généraux y compris la question de la normalisation avec Israël, sous réserve que cela s'effectue dans le cadre du consensus et sans toucher à l'identité arabo-musulmane. En réponse aux interrogations des journalistes, M. Rached Ghannouchi a relevé que le retour du mouvement à la haute instance est possible "si elle adopte le principe de la règle consensuelle dans son travail et qu'elle dépasse la tutelle", soulignant que le mouvement est loin de mobiliser l'opinion publique à des fins partisanes. Il a considéré l'agression qui a eu lieu, dimanche, contre la salle "AfricArt", est un acte déplorable, mettant l'accent sur le rejet catégorique du mouvement de toutes formes de violence, tout en appelant à la coexistence pacifique entre tous les tunisiens dans le cadre du dialogue civique et dans le respect de la liberté du culte. Il est à noter que le mouvement Ennahdha a rendu public, à cette occasion, une déclaration dans laquelle elle explique les raisons de son retrait définitif de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution.