TUNIS (TAP) - Les fakirs (ou pauvres) de Ghorbanga, chanteurs soufis et membres d'une communauté mystique d'un village de 1500 personnes du Nord-Est du Bengale, se sont produits lundi soir, au Palais Ennejma Ezzahra, devant un public, de tout âge et nationalité, cherchant à découvrir ces artistes pieux venant de cette contrée si lointaine. Ces fakirs se produisent pour la première fois en Afrique et en Tunisie dans le cadre de la 6ème édition de Musîqat (30 septembre au 8 octobre 2011) à l'initiative du Centre des Musiques Arabes et Méditerranéennes (CMAM). Pendant près d'une heure trente, Arman Fakir, le gourou ou maître du village de Ghorbanga ainsi que ses trois frères Armaan, Akkas et Golam Fakir, ont chanté, accompagnés de Gopen Debtath avec son Dholok (tambour), douze chansons, au rythme d'un florilège d'instruments tels que la Dotara (luth à cinq cordes et à tête d'oiseau), l'indispensable Harmonium et les Jhuris, ces petites cymbales qui donnent le ton si particulier à cette musique spirituelle. La musique et les chansons parfois lancinantes mais rythmées ont transformé l'espace en un lieu de danse et de transe. Ces fakirs ou bauls musulmans dont le titre s'hérite de père en fils ''peuvent être considérés, dans leur région, comme les représentants de la religion de l'homme. Leur philosophie embrasse le flux positif de nombreuses religions et philosophies''. Cette appellation de bauls tire son origine du sanscrit ''Vatula'' qui signifie ''Battu par les vents'' et s'abandonne à toutes ses impulsions dans une forme de folie extatique ayant pour cause Dieu et comme but Dieu''. Se produisant pour la première fois en Tunisie, le manager du groupe Suman Das a, à la fin du spectacle, fait part de la grande joie de la troupe d'être en Tunisie, et de son souhait d'y revenir.