Par Ons Gharbi TUNIS (TAP) Une association «Jazz club de Tunis» vient d'être créée par un groupe de jeunes musiciens et enseignants de musique afin de promouvoir ce genre musical aux origines afro-américaines, internationalement apprécié. L'ambition des fondateurs de cette association est de mieux faire connaître le jazz en Tunisie, ainsi que les jeunes talents dans ce domaine, outre l'échange et l'interaction entre musiciens, mélomanes et passionnés de cette musique. «L'idée de créer cette association est née dans le sillage des diverses sessions de la manifestation ‘'couleurs Jazz'' au palais Ennejma Ezzahra, fruit d'une collaboration depuis 2001 entre jeunes musiciens de jazz de Wallonie-Bruxelles et de Tunisie» a indiqué à l'Agence (TAP), Aymen Ben youssef, pianiste et membre actif de l'association. Il a ajouté que certains membres ont réussi à parfaire leurs connaissances dans les ateliers de «couleurs Jazz» et crée une musique Jazzy inspirée des répertoires de Miles Davis, Charlie Parker, John colltraye et autres grans noms du Jazz. Parmi ces membres figurent Amine Allem (président), mélomane passionné de jazz, Mohamed Ali kammoun (vice président), Nefaa Allam (secrétaire général), Faiçal Terzi (secrétaire général adjoint) et Saima Sammoud (trésorière), Actuellement, l'association compte environ 80 adhérents dont des musiciens amateurs et professionnels, des enseignants de musique et des étudiants. Nefâa Allem a déclaré que l'association se veut l'héritière du «Club Jazz de Tunisie», une ancienne association créée en 1962 qui avait élu domicile à la maison de la Culture Ibn Khaldoun à Tunis. Il a précisé que l'engouement pour le Jazz en Tunisie remonte à la moitie du siècle dernier, citant, à l'appui de ses propos, une thèse avancée par Moez Kammoun, pianiste de formation et enseignant. Dans cette thèse portant sur «les nouvelles tendances instrumentales improvisées en Tunisie» (Paris-Sorbonne), l'auteur écrit qu'au cours des années 60-70, l'on assistait à l'émergence du Jazz dans la vie culturelle de Tunis, encouragée par les tendances intellectuelles prédominantes à cette époque dans le pays. L'influence extérieure avait joué, dit-il, un rôle important car de grands musiciens de Jazz venaient jouer en Tunisie, dont Sidney Bechet, Lionel Hampton (au Colisée en 1965) et aussi en 1975 Count Basie et Freddie Green. On y lit également que «le Club Jazz de Tunisie» était très actif: il assurait l'organisation du festival de Jazz jusqu'à la fin des années 70. Il avait conçu en 1964 une emission télévisée hebdomadaire sur le Jazz et participait à l'organisation du festival international de Tabarka en 1972, événement qui a pris une dimension internationale, à vocation touristique et culturelle. Les critiques d'art estiment que le Jazz s'accommode bien avec la musique arabe, relevant que plusieurs expériences de métissage musical avaient vu le jour dans les années 60, entre le jazz et la musique tunisienne, à l'instar du groupe Ibn Jazz Quart (1965) qui avait lancé une expérience inédite rapprochant le Jazz du stambali. Toute une génération de musiciens professionnels tels que Faouzi chekili, Anouar Brahem, et plus tard Dhafer Youssef et Mamdouh Bahri sont considérés comme des figures majeures de la fusion Jazz et musique tunisienne et ont favorisé la rencontre entre des musiciens de cultures et de disciplines différentes. Le Jazz aux origines afro-Américaines est une musique tonale interactive, ouverte sur d'autres formes musicales. Sur scène, le jeu est basé essentiellement sur la rencontre et l'osmose entre des musiciens de disciplines instrumentales différentes et sur l'improvisation. Cette nouvelle association à but non lucratif, a mis au point un programme d'activités éclectique comprenant des master-class, des ateliers de musique et des rencontres avec d'éminents jazz-men tunisiens et étrangers. Un concert de Jazz gratuit sera organisé chaque dernier vendredi du mois dans un espace culturel. Le premier concert de ce genre s'est tenu le 28 octobre dernier à l'espace Mad'Art Carthage, avec la participation de plusieurs groupes de jeunes. Par ailleurs, des projections de films sur les anciens Jazz-men internationaux auront lieu, suivies de débats.