TUNIS (TAP) - L'amélioration de la gouvernance et la lutte contre la corruption, se traduiront, à long terme, en gains dans le domaine de la croissance économique, a affirmé M. Daniel Kaufmann, spécialiste international des questions de gouvernance et de développement et affilié à l'Institut de Brookings. Présent à une conférence-débat, organisée, lundi, à Tunis, à l'initiative de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) et la Banque Africaine de Développement (BAD), sur le thème «La gouvernance et le Monde arabe en transition démocratique», l'expert international a fait remarquer que «la lutte contre la corruption permet, sans même viser la perfection, de réaliser des progrès tangibles, d'accroître le revenu par tête d'habitant et de promouvoir l'emploi, l'éducation et les services sociaux, et ce, à la seule condition d'un engagement politique audacieux». «Riche ou pauvre, aucun pays n'est à l'abri de la corruption», estime l'expert, précisant, que le prix de la mauvaise gouvernance est payé tôt ou tard, citant, à ce titre l'exemple de la Grèce. D'après les données fournies au cours de la dernière décennie, les pays arabes souffrent d'un «déficit énorme» en ce qui concerne la responsabilisation et la participation du peuple à la prise de décisions (exemple des élections), a-t-il souligné. Dans le Monde arabe, région où la plupart des jeunes ont un niveau éducatif élevé, la majorité des pays souffre, en outre, de l'absence d'une bonne gouvernance, c'est le cas de la Tunisie et de l'Egypte, a-t-il indiqué. Il a également relevé qu'une bonne gouvernance ne se limite pas au contrôle de la corruption, mais englobe d'autres aspects, tels que les libertés d'expression et de presse. Par ailleurs, «ce ne sont pas seulement les gouvernements qui sont appelés à améliorer les aspects de bonne gouvernance, il s'agit aussi d'impliquer les institutions multinationales, bailleurs de fonds et établissements de crédits internationaux», a-t-il ajouté. Pour sa part, M. Vencatachellum Désiré, directeur du département de la recherche pour le développement, à la BAD, a indiqué que la question de la gouvernance est placée actuellement «au sommet des priorités de la banque, qui oeuvrera à réexaminer ses politiques en la matière pour éviter les erreurs du passé».