TUNIS (TAP) - Classé parmi les droits fondamentaux dans la déclaration universelle des droits de l'Homme, l'emploi a été l'étincelle ayant déclenché la révolution tunisienne du 14 janvier, quand des milliers de tunisiens sont descendus dans la rue pour protester contre l'oppression et exiger la dignité et le droit au travail. Avec une perte de 137 mille postes d'emplois et l'arrivée sur le marché de 213 mille nouveaux demandeurs de travail, entre mai 2010 et 2011 (chiffres de l'Institut national de la statistique), sans compter le retour de milliers de tunisiens de Libye (30 à 35 mille), le marché de l'emploi tire la sonnette d'alarme. En effet, le nombre de chômeurs est passé de 491 mille, en mai 2010, à 704 mille, en mai 2011, avec un taux de chômage de 18,3 pc. Selon le Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Ennabli, la situation est loin de s'améliorer avec un taux de croissance nul (zéro), voire négatif, prévu à la fin de l'année 2011, ce qui est à même d'engendrer une baisse du rythme de création d'emplois et une hausse du taux de chômage. La vague de protestation observée, ces derniers jours, partout dans le pays, par des chômeurs qui réclament de l'emploi et des travailleurs temporaires qui demandent la régularisation de leur situation, paralyse plusieurs régions (Sakiet Sidi Youssef, Gabes, Gafsa) et activités économiques (production de bouteilles de gaz, levure pour boulangeries, phosphate,à) Depuis 8 jours, un sit-in est observé, au Bardo, devant le siège de l'Assemblée nationale constituante, notamment, par des jeunes sans emploi venus de plusieurs régions de l'intérieur où le taux de chômage dépasse les 29 pc. Ils réclament l'inscription du droit au travail dans la nouvelle constitution et la prise de décisions urgentes pour relancer l'emploi. Cette revendication a été prise en compte par les membres de l'Assemblée constituante, en inscrivant, mercredi, le « droit au travail » (article 6), dans le projet de loi relative à l'organisation provisoire des pouvoirs publics. D'importants efforts ont été déployés à l'échelle nationale pour promouvoir l'emploi, depuis la révolution du 14 janvier 2011. Un «plan d'urgence emploi» a été mis en place par le ministère de la formation professionnelle et de l'emploi, portant sur quatre axes, à savoir: la création de nouveaux emplois salariés dans tous les secteurs ; le développement de l'entreprenariat et la création de micro-entreprises avec un accompagnement des promoteurs, le soutien des entreprises en difficulté et la préservation des emplois existants, ainsi que l'accompagnement actif des demandeurs d'emploi et le développement de leur employabilité. A cet effet, le gouvernement provisoire s'était engagé pour la création de nouveaux emplois dans le secteur public (24 mille dans la fonction publique et 10 mille dans les entreprises publiques), outre les 20 mille emplois envisagés dans le secteur privé. Dans cette perspective, un «mois de l'emploi» a été organisé, du 12 au 30 septembre dernier, à l'initiative du ministère de la formation professionnelle et de l'emploi, en collaboration avec le ministère du développement régional. Cette manifestation, placée sous le signe «l'emploi notre responsabilité à tous», a englobé, l'organisation de journées sectorielles, l'embauche d'un certain nombre de demandeurs d'emploi dans diverses branches, l'annonce des résultats des concours de la fonction publique et la signature d'une série de conventions de partenariats tuniso-tunisiens et tuniso-étrangers. Le mois de l'emploi s'est soldé, notamment, par l'annonce de 7000 intentions de recrutement direct formulées par des entreprises économiques privées, nationales et étrangères. Il y a lieu, dans ce sens, de citer les 1400 emplois créés par la société de l'environnement de Gafsa, filiale du Groupe chimique tunisien, et les 2015 emplois offerts par Poulina Group Holding, conformément à la convention de recrutement conclue avec l'Agence nationale de l'emploi et du travail indépendant. Par ailleurs, 142 mille jeunes bénéficient, actuellement, du programme «Amal» de recherche active de l'emploi au profit des diplômés du supérieur. Cet effort est complété par, l'engagement de la société civile tunisienne et des organisations internationales pour la promotion de l'emploi en Tunisie, à l'instar de l'organisation internationale «Enda Inter-Arabe» qui a doublé le volume de ses crédits dans certaines régions du pays, au titre de l'année en cours.