TUNIS (TAP) - Des milliers de personnes ont manifesté, samedi à Tunis, pour "défendre les libertés individuelles et publiques" et protester contre "la violence et l'extrémisme religieux" suite à l'appel des partis de gauche et du centre démocratique ainsi que de syndicats et associations civiles. Les manifestants qui se sont rassemblés au début à la place des droits de l'Homme ont chanté l'hymne national et scandé des slogans prônant un Etat civil et démocratique, la liberté de la presse et le refus de "la position négative du gouvernement" face aux actes de violence survenus dans les universités, les tribunaux et les rues. Les forces de sécurité ont agi avec professionnalisme pour empêcher les affrontements entre des manifestants et des partisans du mouvement Ennahdha qui se sont regroupés aux bords des artères parcourues par la manifestation, à savoir l'avenue Mohamed V, la place du 14 janvier, l'avenue Habib Bourguiba et l'avenue de Paris. Les partisans d'Ennahdha ont scandé des slogans tel que "les zéro virgule ! Dégage" en référence aux taux obtenus par certains partis lors des dernières élections. Un dirigeant du mouvement Ettajdid, Boujemaa Rmili, coordinateur du projet d'union des forces politiques démocratiques pour les prochaines élections a déclaré "que le gouvernement donne des signes inquiétants en ne prenant pas la position adéquate contre l'apparition d'orientations encourageant la violence religieuse qui suscitent nos craintes". Iyad Dahmani, membre de l'assemblée nationale constituante du Parti Démocratique Progressiste (PDP) a indiqué que "les récents actes de violence sont une menace au processus démocratique qui a débuté avec la révolution du 14 janvier" ajoutant que les tunisiens "se sont révoltés pour la justice sociale et la démocratie et non sur la base d'une idéologie religieuse". Pour sa part, Abderazak Chraiet du parti "voix républicaine" a relevé que "les Tunisiens doivent défendre les droits de l'Homme, les libertés et s'opposer à la violence qui menace les objectifs de la révolution". L'enseignant Mounir Nagati, venu participer à cette marche, a affirmé qu'il est "ici pour défendre un projet sociétal qui a débuté en 1956 et nous souhaitons qu'il se développe". Lilia Sellami fonctionnaire dans un établissement bancaire et activiste dans le réseau "Destourna" et au sein du PDM a exprimé "ses craintes quant aux dangers qui menacent les droits de l'homme dans la rue".