TUNIS, (TAP) - Avec pour slogan "Aâtaqni" (lâche-moi), des milliers de tunisiens sont sortis, dimanche, dans une marche pacifique à Tunis pour réclamer le respect des libertés individuelles et la liberté d'expression, et dénoncer les violences qui ont récemment éclaté après la diffusion du film d'animation Persepolis. "La Tunisie peut tous nous accueillir, n'essaye pas de m'opprimer!", "l'Islam est la religion de la tolérance et de la liberté", "ni extrémiste, ni rétrogradeà notre Tunisie est révolution et liberté", "trouvons ce qui nous unit, pas ce qui nous sépare" ou encore "anti-fanatisme, anti-extrémisme, anti-intégrisme", scandaient les manifestants. La marche a été initiée par un groupe de jeunes qui ont appelé au rassemblement sur les réseaux sociaux. Elle a démarré place Pasteur pour traverser l'avenue Mohamed V et déboucher sur la place des droits de l'Homme. Les organisateurs ont assuré n'appartenir à aucun camps, organisation ou parti politique. Ils affirment que cette action "cherche surtout à défendre les libertés en général, et pas uniquement la liberté d'expression". "Les jeunes qui sont sortis le 14 janvier ont revendiqué le droit au travail, à la liberté et à la dignité", ont-ils tenu à rappeler. Des manifestants considèrent, pour leur part, que les libertés "commencent à se restreindre en Tunisie" et que "certains tentent dangereusement de réprimer les libertés". "Les tunisiens ont toujours vécu un Islam modéré, ouvert sur les civilisations et les religions, un Islam qui n'exclut personne", souligne une organisatrice qui regrette que "la coexistence pacifique est menacée en Tunisie". "Le pays connaît aujourd'hui l'ascension de courants religieux radicaux étrangers aux tunisiens", fait-elle remarquer, précisant que la marche n'est contre personne, "elle est pour le droit de vivre, de penser et de se vêtir librement à pour le respect de l'autre dans sa différence". Plusieurs participants à la marche, hommes et femmes de tous âges, ont exprimé leurs craintes d'un Etat Islamique "qui attaque et opprime les libertés". Une jeune femme estime qu'"on a cherché à pervertir le message, voire le contenu du film Persepolis" pour en faire une atteinte à la sensibilité des gens et l'instrumentaliser. La marche calme et pacifique a été troublée par quelques altercations sans gravité avec des individus scandant des slogans contraires et revendiquant l'édification d'un «Etat Islamique". "Ces manifestants ne sont qu'une minorité bourgeoise qui n'est pas représentative du peuple tunisien", affirmaient-ils.