TUNIS (TAP)- "Le syndrome de Carthage: des présidents Habib Bourguiba et Zine el Abidine Ben Ali", est un nouvel ouvrage écrit par Rafik Chelly, directeur de la sécurité du chef de l'Etat et des personnalités politiques (de 1972 à 1980 puis de 1984 à 1987). L'idée d'écrire et de rapporter des témoignages relatifs à des événements historiques vécus lors des règnes de Bourguiba et de Ben Ali "m'habitait depuis plusieurs années". Je voulais, explique l'auteur dans son avant-propos "dans ce livre-témoignage, apporter des précisions et ajustements concernant des faits qui malheureusement faisaient défaut dans un certain nombre d'écrits ou étaient mal racontés, voire même déformés". Se plaçant comme" acteur et témoin oculaire", l'auteur a voulu "enrichir la littérature politique par des faits authentiques qui pourraient profiter aux lecteurs dans leur diversité, mais surtout aux historiens et aux politiques...et apporter un éclairage supplémentaire sur l'histoire contemporaine de la Tunisie pendant deux règnes...qu'on ne peut pas comparer : un bâtisseur et un usurpateur". Car écrit-il " Si on peut reprocher à Bourguiba sa présidence à vie et sa réticence à l'ouverture démocratique...on ne peut passer sous silence que le père de la nation avait les mains propres et prenait au sérieux la question de la lutte contre la corruption contrairement à Ben Ali qui installa un régime mafieux, vida l'Etat de son essence républicaine et détruisit l'école". S'étalant sur plus de 250 pages, le livre commence par la nuit de la de la "destitution de Bourguiba" pour passer au peigne fin toute une série d'événements concernant entre autres l'état dépressif de Bourguiba jusqu'au début de la conspiration. Plusieurs autres révélations sont apportées concernant notamment le complot de Gafsa, l'attentat déjoué à l'hôtel Hilton jusqu'à l'installation de Ben Ali à Carthage. L'auteur témoigne de ce qu'il appelle "la main rouge de Ben Ali" en apportant plus d'éclaircissements sur l'affaire de l'élimination du pilote personnel de Bourguiba en 1988, le cas du secrétaire d'Etat à la sûreté nationale Ahmed Bennour et bien d'autres avant de finir avec les relations de la Tunisie avec les services israéliens en revenant sur l'assassinat D'Abou Jihad et l'explosion d'El Griba à Djerba. Le dernier chapitre du livre met l'accent sur la différence énorme entre les deux systèmes et les deux approches de Bourguiba et de Ben Ali: "les deux présidents de la première république n'ont aucun point commun. Leurs profils et leurs parcours sont diamétralement opposés". Préfacé par l'auteur de "la Régente de Carthage", Nicolas Beau fait en trois pages un rappel rapide des conditions de la répression féroce qui a touché la liberté d'expression et la censure de la presse. Avec l'ouvrage de Rafik Chelly écrit-il "des acteurs essentiels de l'histoire du dernier quart de siècle s'expriment enfin". Grâce à ce témoignage, il considère que "les tunisiens vont se réapproprier leur histoire" faisant observer "que la lecture de cet ouvrage éclaire des pans entiers de l'histoire". En ouvrant la voie à d'autres, ce livre relate non seulement le récit de la nuit du 6 au 7 novembre 1987 où Ben Ali prit le pouvoir grâce à un coup d'état mais aussi les événements qui se sont passés depuis le 14 janvier 2011 : "le déroulement de la seule journée du départ de Ben Ali continue à faire l'objet de controverses et d'interprétations divergentes" conclut-il. Rafik Chelly a occupé plusieurs postes et a été notamment directeur de la sécurité extérieure (1987-1992) et inspecteur général des services de la sûreté nationale (2000-2004). Il a écrit plusieurs études et recherches notamment sur les capacités des services de sécurité arabes de combattre les nouvelles formes de criminalité.