TUNIS (TAP) - A la mémoire du grand artiste tunisien Ali Riahi né le 30 mars 1912, M. Mehdi Mabrouk ministre de la culture a inauguré, vendredi matin au centre des musiques arabes et méditerranéennes (CMAM-Ennejma Ezzahra) à Sidi Bou Saïd, une exposition documentaire sur le brillant parcours de cet artiste autodidacte. Organisée dans le cadre de la célébration du centenaire de sa naissance, l'exposition présente une véritable mosaïque de photographies et de disques rares en souvenir de ce "chantre de la verte". Les visiteurs ont, à travers ce travail documentaire, pris connaissance des principales étapes de la vie d'un des grands artistes du pays, celui qui voulait promouvoir la chanson tunisienne auprès d'un auditoire plus habitué aux airs orientaux et surtout égyptiens. De vieux articles de presse et de critiques culturels mettent l'accent sur les difficultés rencontrées par Ali Riahi et qui n'ont fait que renforcer sa détermination et son engagement à atteindre le succès. En effet, sa tournée artistique en Algérie en 1945 fut l'entame de sa gloire.En 1950, la BBC lui consacra une émission élogieuse. Les documents soulignent; entre autres, sa décoration en 1954 par Mohamed Lamine Bey de "Nichan al Iftikhar" (ancien ordre honorifique tunisien). L'exposition présente également des manuscrits et documents dactylographiés de certaines de ses chansons (paroles et composition) ainsi que des photos avec ses compagnons de route parmi les poètes et artistes pour ne citer que Mahmoud Bourguiba, Abderrazak Karabaka,Abdelhamid Ben Jeddou, Salah El Mehdi, SafiaChamia et Chefia Rochdi. L'autre volet de la manifestation "Lahn el khouloud" a comporté un colloque auquel ont participé plusieurs spécialistes dans le secteur de la musique. Prenant la parole, M. Mohamed Ben Hammouda a mis l'accent sur le rôle de Ali Riahi dans ce qu'il a qualifié la "tunisification de la chanson " bien qu'il soit un grand adepte de la musique orientale et du tarab. Cependant, a-t-il rappelé, Ali Riahi a veillé à inventer des phrases musicales tunisiennes à l'instar de la musique orientale pour inciter l'auditeur tunisien à savoir admirer les paroles locales. Dans ce travail, il a été encouragé par Othman Kaak, directeur de la radio à cette époque qui l'a encouragé à écrire et à interpréter des chansons tunisiennes. Ayant contribué à l'essor de la chanson tunisienne et arabe en général, Ali Riahi a réussi à créer une osmose entre les différents modes musicaux rapprochant dans un métissage exemplaire le Maghreb et le Machrek. Le colloque a été une occasion également pour aborder l'aspect artistique dans la personnalité de Ali Riahi en focalisant sur les capacités vocales de ce que plusieurs qualifient la "voix de velours", un sujet, estime pr. Itab Jilan, qui pourrait constituer un objet d'étude et de recherches pour les étudiants en musique. Il est à noter que le CMAM est en train de préparer un site web spécial Ali Riahi décédé le 27 mars 1970, sur les planches du théâtre municipal de Tunis, qui accueille ce soir un concert en hommage à cet artiste avec la participation d'une pléiade d'artistes: Adnene Chaouachi, Cherazed Hilal, Noureddine Béji, Mehrezia Touil, Hassen Dahmani, Rihab Sghaier, Sofiane Zaidi, Asma Ben Ahmed, Raouf Maher, Maroua Kriaa, Mohamed Dahleb et Anis Letaief, sous la direction de Mohamed Lassoued et d'après une conception artistique de Kamel Ferjani.