Au cours de cette onzième édition du festival de la Médina de Sousse, nous avons eu droit à quelques spectacles originaux présentés par des artistes peu connus. C'est dans ce cadre qu'on peut classer le concert intitulé «Cham ennassim», du takht arabe «Ifriquiyia» dirigé par le musicien universitaire Itab Jelaïli. C'est Dar Ech-charaâ dans la Médina de Sousse qui a abrité ce spectacle. L'ensemble en question était composé de sept musiciens : Itab Jelaïli (oud), Kaïs Sfar (qanoun), Rami Ourabi (nay), Rim Belhadi (violon), Ghassen Laâbidi (alto), Rached Sboui (cello) et Taoufik Tounsi (percussion). Quatre jeunes chanteurs ont assuré la tâche de l'interprétation. Il s'agit de Mohamed Ali Chebil, Rim Ben Guiza, Emira Ameur et Mongia Sfaxi. Cette dernière, enseignante à l'Institut supérieur de musique de Sousse, est la plus connue des quatre. On l'a vue à la télévision tunisienne interpréter entre autres plusieurs «adouars». La soirée débuta avec un «samaï hijaz» composé par Itab Jelaïli. Il s'ensuivit une interprétation de la célèbre chanson «Al yadi» de Najet Essaghira par la jeune Rim Ben Guiza. Mohamed Ali Chebil enchaîna avec le beau poème de Ahmed Chawki «Allamouhou keïfa yagfou» composé et chanté par l'inimitable Mohamed Abdelwaheb (Makam houzam). Après le second morceau instrumental de Itab Jelaïli «Cham ennassim», l'assistance fut gratifiée par «Ya msafera» (Ahmed Khaireddine, Hédi Jouini) chanté par le même Mohamed Ali Chebil. Le poème «Kam baathna maâ ennasimi» et Oum Kalthoum (Ibrahim Hosni Nizar, Ahmed Sabri Ennajridi) ramena les présents aux années 1920. C'est Emira Ameur qui en assura l'interprétation (makam hijaz). La même jeune chanteuse rappela les mélomanes présents à Dar-Ech-charaâ la période où la défunte Oulaya faisait partie de la chorale de la Rachidia, et ce, en excellant avec «Law kan taâraf» (Mahmoud Bourguiba, Khémaïs Ternane)… L'avant-dernier acte de ce concert fut la maâzoufa «Aazz en eness» du même Itab Jelaïli qui clôtura la soirée en compagnie de Mongia Sfari avec l'interprétation du dialogue «Soobet alik» (Ahmed Rami, Mohamed Abdelwaheb, Makram Nahooendi). D'ailleurs, cette chanson a fait partie du film Les larmes de l'amour, (Doumou el hobb) avec Mohamed Abdelwaheb et Najet Ali. Le comité du festival de la Médina de Sousse est à féliciter pour avoir programmé un tel concert, assuré par de jeunes artistes tunisiens. Avec davantage de travail et d'application, le takht arabe de Iteb Jelaïli fera certainement parler de lui dans un avenir proche.