Tweet Share LE BARDO (TAP)- La majorité des constituants de l'opposition et des membres du gouvernement ont critiqué, lors d'une séance d'interrogation à l'Assemblée nationale constituante (ANC), la décision d'interdire de manifester à l'avenue Bourguiba ainsi que l'usage excessif, lundi dernier, de la force contre les manifestants. Mohamed Hamdi représentant du groupe démocratique a salué l'annulation par le gouvernement provisoire de Hamadi Jebali de la décision prise par le ministre de l'intérieur d'interdire toutes manifestations au niveau de l'avenue Habib Bourguiba. Il s'est, également, étonné de l'accusation par le ministre de l'intérieur de l'opposition et des médias d'"instrumentaliser ces incidents", ajoutant que "ni l'opposition, ni les médias n'ont inventé ces incidents". De son côté, Moncef Charni du groupe de la liberté et de la démocratie a exhorté le ministre de l'intérieur à adopter une approche sécuritaire qui prend en considération les principes de la liberté et l'intérêt général du pays, appelant à enquêter sur les dépassements commis notamment par les milices qui se trouvaient, lundi 9 avril, aux cotés de l'appareil sécuritaire. Prenant la parole, le constituant Abderraouf Ayadi du Congrès pour la république (CPR) a souligné que le ministre de l'intérieur à opté pour une "approche erronée", en interdisant les manifestations pour motifs d'intérêts économiques, sans pour autant tenir compte des intérêts moraux. Le représentant du groupe parlementaire d'Al-Aridha a, quant à lui, appelé à enquêter sur les agressions qui ont ciblé lundi 9 avril les manifestants, insistant sur la nécessité de s'excuser auprès du peuple tunisien. Pour Abderrazek Khlouli (groupe de la liberté et de la dignité), le ministère de l'intérieur aurait dû gérer la situation avec sagesse et retenue dans la confrontation avec les manifestants. Il a affirmé que le droit de manifester est un droit légitime après la révolution et après la chute du régime d'oppression en dépit de "l'utilisation de cette liberté avec une certaine anarchie". Sahbi Atig, représentant d'Ennahdha a estimé "qu'il y a eu un usage exagéré de la violence de la part des forces de l'ordre" dans leur confrontation avec les manifestants, appelant à la création d'une commission d'enquête issue de l'Assemblée nationale constituante sur les évènements survenus au niveau de l'avenue Habib Bourguiba le 9 avril 2012. Il a déclaré qu'une "minorité" d'opposants et de journalistes s'emploie, de son point de vue, à "exagérer les évènements" dans le cadre de politiques de déstabilisation et de stratégies de mise en échec du gouvernement", ajoutant que "la lutte aujourd'hui" se déroule entre les forces idéologiques hostiles, les forces de la corruption et les restes du RCD dissous d'un côté, et les forces de la révolution, de l'autre". Il a estimé, dans ce contexte, que les médias et notamment les médias publics sont "l'otage d'une minorité" et ne tiennent pas compte des résultats des urnes. Pour sa part, Mouldi Riahi, président du groupe du Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL) a déclaré que les incidents survenus à l'avenue Habib Bourguiba, "symbole de la liberté et de la révolution... ne devaient pas avoir lieu après la libération de la Tunisie de l'oppression". Il a indiqué que "certaines parties complotent contre la révolution et ses objectifs pour faire tomber les hommes libres, toutes tendances confondues". Face aux images et aux extraits vidéos présentés par le ministère de l'intérieur sur les évènements du lundi dernier, la constituante Nadia Chaâbane a exposé, au cours de la séance plénière, des images prises lors des affrontements entre les forces de l'ordre et les manifestants, affirmant que les manifestants étaient au début de la manifestation, selon ses dires, dans une ambiance festive et n'étaient nullement préparés à cette violence. Elle a qualifié la violence exercée par la police de "disproportionnée", violence qui n'a épargné ni femmes, ni hommes, ni personnes âgées, ni jeunes", selon son expression. La constituante Nadia Chaâbane s'est, d'autre part, interrogée sur les raisons de la présence de civils, sans le moindre brassard qui confirme leur appartenance au corps de la police, aux côtés des forces de l'ordre, ainsi que sur l'absence de la diffusion de toute information sur les dégâts engendrés par la violence, laissant ainsi libre cours aux rumeurs infondées qui ont fait état de morts parmi les manifestants. Tweet Share Suivant