* Création prochaine d'une Agence d'économie de l'eau, chargée des eaux d'irrigation et de l'eau potable TUNIS, 10 mars 2010 (TAP) - La politique agricole en Tunisie vise à promouvoir les cultures irriguées à travers l'extension des superficies cultivées, le développement des méthodes et moyens d'exploitation, l'intensification de la production et partant l'amélioration de la compétitivité du secteur. Ces objectifs ont été définis conformément aux orientations du programme présidentiel pour le prochain quinquennat. Concrètement, les stratégies adoptées dans ce cadre visent à porter à 50% la part des périmètres irrigués, dans la production agricole nationale, d'atteindre un taux d'exploitation de 100% de ces périmètres contre 90% actuellement et de réaliser un taux d'intensification de 115% contre 106% à l'heure actuelle. Les périmètres irrigués, qui consomment 80% des ressources hydrauliques, couvrent une superficie d'environ 405 000 hectares et représentent 8% des superficies emblavées (220 000 hectares de domaines publics et 185 000 d'exploitations privées). L'agriculture irriguée contribue à 37% de la production nationale agricole, 10% des exportations et garantit 27% des emplois. La production du secteur assure 90% des besoins nationaux en légumes et 75% des besoins du marché local en fruits. Les périmètres irrigués privés seront cadastrés à l'horizon 2014 Les récentes mesures présidentielles (conseil des ministres du 3 mars 2010) viennent concrétiser les objectifs assignés au secteur, notamment, ceux relatifs à la production, l'intensification et l'exploitation. Selon M.Saad Seddik, directeur général du génie rural et de l'exploitation des eaux au ministère de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, ces mesures concernent cinq volets relatifs à la situation foncière, aux systèmes hydrauliques, à la commercialisation, à la vulgarisation et à l'économie de l'eau. Concernant la situation foncière, le responsable a indiqué que l'Agence foncière agricole (AFA) a reçu pour mission d'examiner la situation de tous les périmètres irrigués privés, lesquels seront cadastrés à l'horizon 2014. Les mesures relatives aux systèmes hydrauliques concernent le développement et la généralisation des compteurs d'eau à tous les périmètres irrigués, la généralisation progressive de la tarification binôme, le lancement du mode de la tarification trinôme dans les gouvernorats de Ben Arous, Nabeul et Bizerte et l'incitation à la création d'entreprises spécialisées dans la maintenance des systèmes d'irrigation, de manière à offrir de nouveaux emplois aux diplômés du supérieur et à rapprocher les services des exploitants agricoles. Concernant les périmètres équipés peu exploités, il a indiqué que leur situation sera traitée au cas par cas afin d'identifier les mécanismes devant les aider à entrer en production, dans de bonnes conditions. Il s'agit, également d'encourager la valorisation des ressources hydriques (conventionnelles et non conventionnelles) et la valorisation de ces ressources dans les cultures à forte valeur ajoutée. Stratégie pour aider les agriculteurs à commercialiser leurs produits Au nombre des mesures évoquées par le responsable en matière de commercialisation, il a cité celle relative à la mise au point avec le concours des professionnels du secteur, d'une stratégie visant à aider les agriculteurs à commercialiser leurs produits dans les différentes régions. M.Seddik a évoqué l'application prochaine des trois méthodes de vulgarisation, à savoir pour les petits agriculteurs /Agence de la vulgarisation et de la formation agricole (AVFA)/, pour les moyens exploitants / la même agence avec le concours des professionnels/ et pour les grands exploitants /conseillers agricoles/. De même, une Agence d'économie de l'eau, chargée des eaux d'irrigation et de l'eau potable, sera, ainsi, créée. Cette structure assumera le rôle d'orientation et de suivi, outre la garantie de la réalisation de 200 mille hectares de périmètres irrigués au goutte à goutte à l'horizon 2014, contre 120 mille hectares actuellement. Des subventions seront accordées aux agriculteurs qui ont choisi ce mode d'irrigation, tout en leur accordant la priorité dans l'équipement de leurs fermes, l'objectif étant de relever le volume de leurs production. Réduire à 25% le taux de perte de l'eau Le conseil des ministres a, aussi, annoncé un nombre de décisions relatives aux ressources hydriques. Il s'agit notamment de la garantie des équilibres entre l'offre et la demande, ce qui nécessite la mise en place de réserves et la réduction du taux de perte de l'eau estimée actuellement à 40% dans les réseaux d'adduction de l'eau et d'irrigation. L'objectif visé pour la première étape est de réduire ce taux à 25%, outre l'approfondissement des études relatives à la lutte contre la raréfaction de l'eau et contre les changements climatiques. En vue de concrétiser ces décisions, le ministère de l'Agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche, a élaboré des plans et identifié un calendrier d'application des différentes étapes du projet et procédé à l'évaluation de l'apport des régions dans sa réalisation selon les objectifs du quinquennat. Il s'agit, également, d'accélérer le parachèvement des volets réglementaires relatifs à la création de la nouvelle agence d'économie de l'eau, la réduction des délais d'étude de tous les périmètres irrigués privés et l'examen des moyens de mettre en œuvre la réforme agricole, au cas par cas. L'objectif étant de valoriser davantage l'eau et de favoriser une agriculture intensifiée à haute productivité afin de promouvoir l'apport des périmètres irrigués dans la production agricole globale, consolider la compétitivité du secteur et garantir sa pérennité.