TUNIS, 18 oct 2010 (TAP) - Réalisé en 1946, le film en noir et blanc "La 7ème porte" du réalisateur français André Zwobada sera pour la première fois à l'affiche dans le cadre de la 23ème édition des Journées cinématographiques de Carthage. Sa projection s'inscrit dans le cadre d'un hommage dédié à la mémoire de Hédi Jouini, qui a écrit et composé les chansons du film. Tourné en deux versions, l'une interprétée par des acteurs français et l'autre par des acteurs maghrébins, le film d'une durée de 90 minutes sera projeté dans le cadre de la section "Cinéma et mémoire". La première projection aura lieu au théâtre municipal de Tunis le 28 octobre avec la version arabe sous titrée en français. Cette version est interprétée par l'acteur marocain d'origine tunisienne Bechir Gabsi et la grande actrice algérienne Keltoum, héroïne du film "Le vent des Aurès", le premier long métrage de Mohamed Lakhdar Hamina, primé à Cannes en 1967, ainsi que par l'actrice et chanteuse tunisienne Anissa Jamel (second rôle). La projection de la version française interprétée par de grands acteurs de l'époque comme Georges Marchal et la tragédienne Maria Casares, est prévue le vendredi 29 octobre à la maison de la culture Ibn Rachiq. Le choix de ce film peu connu "La 7ème porte", est significatif à plus d'un titre. En effet, c'est une oeuvre qui révèle les rapports peu connus d'un artiste hors pair, Hédi Jouini, avec le cinéma. Ce grand auteur, compositeur et interprète de "Taht el yasmina fi ellil" et "lamouni elli gharou minni" avait approché le septième art au Maghreb au milieu des années 1940, période où il fut invité au Maroc pour être acteur dans le film "Le possédé" (al majnoun) de Jean Bastia et pour écrire et composer les chansons du film "La 7ème porte" d'André Zwobada où il fait deux apparitions aux côtés de son épouse la chanteuse tunisienne Widad qui y interprète ses chansons. La participation tunisienne à "La 7ème porte" fut très importante. Outre les chansons de Hédi Jouini et les prestations chantées, jouées et dansées de Widad et Anissa Jamel, l'adaptation et les dialogues de la version arabe furent confiées au tunisien Noureddine Ben Mahmoud, journaliste, poète et directeur de radio Tunis à cette date. Les chansons écrites par Hédi Jouini en langue arabe figurent, ce qui est rare, dans les deux versions du film. Par ailleurs, le choix de ce film est une manière de saluer André Zwobada, ce réalisateur français qui a toujours défendu l'image et la culture africaine. C'est d'ailleurs grâce à lui que le premier long métrage " La noire de ..." du cinéaste sénégalais Sembène Ousmane a vu le jour et remporté le tanit d'or de la toute première session des JCC en 1966. Il avait aussi soutenu le premier court métrage de Sembene "Borom Sarrett" ayant obtenu le prix de la première oeuvre au festival de Tours en 1963. Il est à signaler que la projection de la version arabe sera précédée notamment d'un court métrage "Papa Hédi", en cours de réalisation (work in progress) de Claire Belhassine, la petite fille de Hédi Jouini. Outre un récital a capella de sa fille Afifa ainsi que d'un concert de rue de l'orchestre de son benjamin Adel Jouini, réinterprétant en jazzy des mélodies de Hédi Jouini, son fils Naoufel signera le livre "Hédi Jouini, la trace d'un géant" illustrant les étapes clés de la vie de Jouini. "La 7ème porte" et son auteur occupent une place à part dans l'histoire du cinéma de la période coloniale au Maghreb. En effet, alors que la majorité des films qui y furent tournés à cette époque, montraient des images pour le moins négatives, André Zwobada créa l'exception en valorisant la culture maghrébine en choisissant de réaliser deux films inspirés de contes et légendes maghrébines, "Noces de sables" et "La 7ème porte".