TUNIS, 25 oct 2010 (TAP) - "La libération de l'esprit demeure la responsabilité primordiale de l'intellectuel. Ce qui me passionne, c'est avant tout la réalité humaine", a indiqué, lundi, à Tunis, Wole Soyinka, premier africain, lauréat du prix Nobel de Littérature en 1986. L'invité du Programme des "éminents conférenciers" de la Banque africaine de développement (BAD) devait présenter une conférence sur "Le rôle des intellectuels africains dans le développement de l'Afrique". Pour le "combattant de la liberté" tel qu'il a été introduit par le président de la BAD, Donald Kaberuka, il est opportun en abordant un sujet aussi général d'insister sur le fait que les intellectuels ne sont pas des magiciens. Ils ne sont qu'une usine à idées dont la mission quasi sacrée est de faire de l'être humain, l'objet central du développement, dans son acception mentale et spirituelle." Passant en revue la teneur des rencontres auxquelles il a assisté au cours de ces dernières années pour discuter des problèmes de l'Afrique et dessiner les contours de ce continent pour le millénaire, le prix Nobel a fait remarquer, en agençant bien les mots, que l'intellectuel doit être perçu comme un esprit de développement de la personnalité humaine, ou ce qu'il dénomme "l'entité humaine", voie majeure pour le développement immatériel. En effet, les intellectuels africains sont des acteurs qui contribuent à la productivité humaine grâce aux possibilités d'alternatives dont ils sont les protagonistes. Pour ce fervent défenseur du militantisme intellectuel, il est primordial d'éviter la marginalisation du genre humain et de prendre en considération le bien-être du citoyen et sa dignité car "l'avenir de l'Afrique ne peut se matérialiser sans cette prise de conscience de son potentiel humain". Les débats ont porté sur la contribution notamment de la diaspora au développement socio-économique de l'Afrique, à travers la formation des politiques et des stratégies à même de relever les nombreux défis auxquels le continent doit faire face et les perspectives en vue de générer une croissance et un développement plus forts et plus durables dans le continent. Agé de 76 ans, Wole Soyinka a à son actif plus de 40 oeuvres littéraires dont des pièces de théâtre, des romans, de la poésie, des nouvelles, des mémoires et des films. L'auteur de l'oeuvre majeure "Les interprètes", des célèbres livres "Cet homme est mort" et "Une saison d'anomie" ainsi que de l'impressionnante collection d'essais intitulée "Mythe, littérature et le monde africain" a été nommé, en 1994, ambassadeur de bonne volonté de l'UNESCO pour la promotion de la culture africaine, les droits de l'homme, la liberté d'expression, les médias et la communication.