LE BARDO, 2 déc 2010 (TAP) - La Chambre des députés a adopté, jeudi, le projet de Budget ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine pour l'exercice 2011. Les dépenses de gestion et de développement, et les fonds spéciaux du trésor pour l'année 2011, ont été fixés à 189,303 millions de dinars, contre 152,306 millions de dinars pour l'année 2010. Les dépenses se répartissent comme suit: - Dépenses de gestion : 87,577 millions de dinars, - Dépenses de développement: 101,626 millions de dinars. - Fonds spéciaux du trésor: 100 mille dinars. Dans leurs interventions, les députés ont salué l'intérêt constant accordé par le président Zine El Abidine Ben Ali à la vie culturelle dans le pays et le soutien dont bénéficie le créateur tunisien, s'interrogeant sur l'impact de ''la licence du créateur'' décidée par le Chef de l'Etat et le rôle de cette initiative dans l'enrichissement de la scène culturelle nationale. L'un des députés a fait remarquer que la dynamique culturelle demeure en deçà des attentes dans certaines régions, arguant que l'activité culturelle reste saisonnière. Il s'est interrogé sur les causes du manque d'engouement constaté chez les jeunes s'agissant de participer aux activités culturelles proposées dont les représentations théâtrales, cinématographiques et artistiques. Le même député a cependant fait l'éloge de la tenue des célébrations des centenaires de la naissance de plusieurs figures de proue de la culture tunisienne dans leurs régions respectives, à l'instar de la célébration du centenaire du poète Abou El Kacem Chebbi à Tozeur et du centenaire du poète et écrivain Mustapha Khraief à Nefta. Un autre député a insisté sur la nécessité d'établir une coordination entre le ministère de la culture et de la sauvegarde du patrimoine et les services du ministère des domaines de l'Etat et des affaires foncières en vue de promouvoir les lieux historiques des villes dont les mederssas, les Zaouias et les mausolées, à travers leur protection et leur intégration dans les circuits culturels et touristiques, invitant à promulguer des lois incitatives au profit des propriétaires fonciers dans les villes historiques inscrites sur la liste du patrimoine mondial pour favoriser la restauration et l'exploitation des espaces concernées. Les députés se sont enquis de l'activité des comités culturels régionaux et de leur contribution à la polarisation des créateurs et au renforcement de la dynamique culturelle dans les régions, proposant de consacrer une partie des crédits alloués à ces comités au profit des clubs de jeunesse et de promouvoir l'exportation des industries culturelles, en concrétisation du point 18 du programme présidentiel ''ensemble, relevons les défis''. Ils ont demandé au ministère de tutelle de fournir le soutien financier nécessaire notamment au secteur théâtral et de veiller à la création de nouveaux espaces et à réhabiliter des anciens espaces culturels. Ils ont souligné la nécessité de déployer des efforts supplémentaires pour garantir une meilleure diffusion du livre tunisien à l'intérieur comme à l'extérieur du pays et de rendre hommage aux créateurs tunisiens de leur vivant Un député s'est interrogé sur le plan du ministère pour récupérer des pièces archéologiques exposées dans certains musées européens, particulièrement les mosaïques. Un autre député a salué la dynamique culturelle que connaît le pays pour en faire un phare culturel permanent comme le veut le président Zine El Abidine Ben Ali. Il a, par ailleurs, demandé de réviser la politique de soutien culturel dans le sens d'une plus grande rationalisation afin que l'aide soit dirigée vers les plus méritants. Il a recommandé aussi de mettre en place un programme de mise à niveau de l'industrie du livre et de développer les mécanismes d'organisation des grandes manifestations culturelles. Les députés se sont félicités également du soutien constant apporté à ce secteur qui constitue un fondement essentiel du projet civilisationnel du Changement de manière à promouvoir la vie culturelle en Tunisie et à mettre en place une plate-forme idoine pour la création et l'excellence. Ils ont appelé à créer, au sein des délégations régionales de la culture, de services chargés de l'investissement culturel, de la promotion des instituts régionaux de musique et de la révision de leur statut. Ils se sont aussi interrogés sur le rôle de l'information culturelle dans la diffusion du livre électronique et l'incitation à la lecture. D'autre part, les intervenants ont évoqué la question de la participation du secteur privé au financement des activités et des projets culturels demandant des précisions concernant les programmes du ministère pour la célébration, en 2011, de l'année nationale du livre et les centenaires de la naissance des écrivains Mahmoud Messaadi et Mohamed Bachrouche. Ils ont proposé, à ce propos, que le signal de démarrage de ces célébrations soit donné dans les villes natales de ces éminents hommes de lettres, à savoir la ville de Tazarka et la ville de Dar Chaâbane El Fehri. Les députés ont, par ailleurs, salué le nouvel acquis culturel en l'occurrence "la cité de la culture de Tunis" qui vient renforcer le rayonnement culturel du pays et attirer les créateurs du monde entier. Ils se sont aussi interrogés sur l'absence d'une programmation cinématographique durant l'année 2010, année dédiée au 7ème art national dans la mesure où elle s'est limitée aux Journées cinématographiques de Carthage. Dans ses réponses jeudi aux interventions des députés, M. Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine a indiqué que la culture en Tunisie connaît une dynamique réelle et que l'intérêt dont bénéficient les créateurs à l'ère du Changement illustre la place de choix accordé par le président Zine El Abidine Ben Ali à la culture et aux hommes de culture dans le processus du développement global du pays. Le ministre a fait remarquer que la Tunisie a dépassé l'étape de la mise en place de l'infrastructure culturelle pour entrer dans une autre étape marquée par l'exploitation des créations et du «rendement culturel» d'autant que la culture est invitée à contribuer au renforcement de l'action du développement. Il a passé en revue les programmes du ministère pour atteindre les objectifs assignés dans le point 18 du programme présidentiel 2009-2014 sous le titre «la Tunisie, un rayonnement culturel permanent», mettant l'accent sur l'importance des décisions annoncées par le Chef de l'Etat lors du conseil ministériel tenu le 18 août 2010. Le ministre a, dans ce contexte, salué la décision du Chef de l'Etat portant sur l'accélération du rythme de parachèvement des travaux de la cité de la culture et la création d'une cinémathèque nationale et d'un musée d'art vivant au sein de cette cité, outre la réalisation d'une étude sur la création d'un nouveau réseau de centres culturels dans les principales capitales étrangères, la création d'un prix présidentiel récompensant la meilleure association s'activant dans le domaine culturel et le renforcement de l'infrastructure de l'action culturelle dans les régions, à travers la généralisation des maisons de la culture et des espaces culturels pour couvrir toutes les délégations. S'agissant de la consolidation des industries culturelles, le ministre a indiqué qu'il a été procédé à la mise en place d'une stratégie nationale pour promouvoir ces industries à travers la création d'une cellule chargée de soutenir les investisseurs privés et la mise en application de la décision relative à l'augmentation des crédits alloués au soutien de la production cinématographique, décision s'inscrivant dans le cadre de la proclamation de l'année 2010, année nationale du cinéma. A cet égard, plusieurs manifestations cinématographiques ont été organisées au niveau local et national dont «les journées cinématographiques de Carthage». Dans le cadre de la célébration de l'année du cinéma, de nombreuses mesures ont été prises pour renforcer l'investissement dans ce secteur aussi bien au niveau de la production nationale des films qu'au niveau du tournage des films étrangers sur le sol tunisien grâce aux facilités administratives inhérentes à la création du mécanisme du guichet unique pour l'obtention des autorisations de tournage. D'autre part et en application du programme présidentiel concernant la mise en place d'une stratégie de promotion de l'industrie cinématographique, les films documentaires jouissent désormais de l'aide à la production. En effet, le ministère a consacré cette année 250 mille dinars à la subvention de ce genre de films qui contribuent à faire connaître le patrimoine national et les symboles du mouvement national auprès des différentes catégories de la société, notamment les jeunes. L'on a entamé aussi la numérisation du patrimoine audiovisuel. Par ailleurs, M. Abderraouf El Basti a mis en exergue l'essor que connaît le secteur du livre en Tunisie, avec la parution de 1500 titres en 2009 et l'augmentation des acquisitions du ministère en livres tunisiens et étrangers pour enrichir les fonds des bibliothèques publiques dont le nombre ne cesse de s'accroître. En prévision de la célébration de l'année nationale du livre en 2011, il a été procédé à la formation d'une commission nationale impliquant les représentants des différents ministères et organisations concernés par le livre afin d'élaborer le programme des festivités, d'œuvrer à l'actualisation des textes juridiques et réglementaires ayant trait à ce secteur et de garantir une meilleure diffusion du livre tunisien, outre la réalisation de la bibliothèque numérique. Le ministre a souligné d'autre part la place privilégiée occupée par le théâtre tunisien sur la scène culturelle nationale, arabe et africaine, préservant ainsi son rôle d'avant-garde grâce à la richesse de ses contenus et leur diversité, et la multiplication de ses institutions et organismes. Il a indiqué que le nombre de cartes professionnelles de théâtre délivrées au titre de l'année 2010 a atteint 553. Le ministère a réservé par ailleurs une enveloppe de 1 million et cinq cent mille dinars pour soutenir la distribution des productions théâtrales professionnelles, et une deuxième enveloppe de 520 mille dinars pour la distribution des productions du théâtre amateur. Ce soutien a permis l'organisation de 1523 représentations théâtrales. Au niveau de la production, le ministère a alloué 900 mille dinars pour soutenir la production de 51 œuvres de théâtre professionnel. M. Abderraouf El Basti a indiqué qu'une commission nationale de suivi de l'exécution des recommandations de la consultation nationale sur le théâtre a été mise en place, saluant l'action du Théâtre national tunisien en vue de promouvoir la production théâtrale nationale et d'en assurer le rayonnement international. Ces efforts, a-t-il dit, ont été couronnés notamment par les récompenses remportées dans des festivals arabes par la pièce de théâtre ''Valises''. Rappelant que le théâtre ne se réduit pas au genre du ''one man show'', il s'est félicité du succès rencontré par de nombreuses pièces au niveau national et international, citant les pièces ''La dernière heure'' du théâtre El Hamra, ''Khouyout El Ichqa'' du Centre des arts scéniques et dramatiques du Kef, et ''Yahia Yaiche'' de la troupe de théâtre ''Familia''. M. Abderraouf El Basti a évoqué par ailleurs la richesse de l'héritage culturel de la Tunisie, faisant remarquer que l'approche adoptée en la matière consiste en la poursuite de l'exécution des programmes de conservation et de sauvegarde du patrimoine, et son exploitation dans le tourisme culturel et le développement régional. Il a annoncé dans ce sens que le ministère a démarré l'exécution d'un plan élaboré en commun avec le ministère du Tourisme, et qui a donné lieu à l'inauguration durant le mois de Ramadan d'un circuit culturel et touristique dans la médina de Tunis. Le plan en question vise également l'émergence d'un produit touristique et culturel riche et diversifié, par la valorisation des produits touristiques spécifiques pour chaque région, et l'encouragement de l'organisation de manifestations culturelles régionales et locales. Il a indiqué que cet effort participera à la promotion du tourisme culturel, notamment après l'achèvement des opérations d'aménagement des musées en cours, comme la réalisation de la deuxième tranche du musée de la civilisation et des arts islamiques de Rekkada, et l'aménagement du musée du patrimoine du désert de Tataouine, et la création de nouveaux musées aux sites d'Oudhna, Utique, Bellaregia, et sur le site des maisons romaines de Carthage, outre la création des musées de Siliana et de Sidi Bouzid, et l'achévement des travaux d'aménagement du musée national du Bardo, et du musée archélogique de Sousse. M. El Basti a indiqué que, dans le cadre de la décentralisation culturelle, l'accent a été mis sur le développement de l'infrastructure de l'action culturelle dans les régions, en concrétisation de la décision du chef de l'Etat d'allouer 50 pour cent de l'augmentation du budget du ministère aux projets culturels dans les gouvernorats de la République. L'année 2010 a ainsi enregistré la création de 5 nouvelles maisons de la culture, dont le nombre total a atteint 214 couvrant 182 délégations sur un total de 264. Une commission technique commune a été mise en place avec le ministère de la Jeunesse, des Sports et de l'Education physique, avec pour objectif d'étudier les moyens de développer les espaces culturels dans les maisons de jeunes des 48 délégations dépourvues de maisons de la culture. Il a ajouté que les programmes de formation destinés aux animateurs des maisons de la culture a réalisé des résultats positifs, puisque que l'on a procédé cette année à la création et à l'équipement de 50 clubs d'informatique, sachant que cet effort est appelé à se poursuivre avec le même rythme au cours des prochaines années. Sur un autre plan, M. El Basti a souligné que le ministère œuvre à une mise à niveau des festivals, pour qu'ils mettent plus en avant les spécificités de leurs régions respectives, tout en préservant leurs dimensions culturelle et récréative. Un rôle plus important sera dévolu à la société civile dans ce domaine, puisque les directions des festivals se transforment progressivement en associations. Celles-ci sont aujourd'hui au nombre de 115 associations. Le ministre a conclu que le climat de liberté et le soutien dont bénéficie l'homme de culture en Tunisie a permis de hisser la création au plus haut niveau, grâce à la politique avant-gardiste du président Zine El Abidine Ben Ali qui considère que remporter le pari culturel à l'ère de la mondialisation passe par le soutien à la création, le développement des industries culturelles, et le renforcement de la présence de la production tunisienne sur les scènes nationale et internationale.
