TUNIS, 2 mars 2011 (TAP) - M. Ahmed Ibrahim, Premier Secrétaire du mouvement Ettajdid, a indiqué que sa démission du poste de ministre de l'enseignement supérieur de la recherche scientifique au sein du gouvernement provisoire est due à l'atermoiement et à la lenteur du gouvernement dans la réalisation des objectifs de la révolution, ainsi qu'aux tentatives visant à compromettre le climat de confiance ayant prévalu au sein du gouvernement de Mohamed Ghannouchi. Il s'agit, également, a-t-il précisé, du manque de concertations au sujet de la situation politique, depuis la démission du Premier ministre, et de l'absence de consultation à ce sujet. L'idée de démission a traversé son esprit depuis deux semaines, mais les derniers évènements l'ont finalement convaincu de quitter le gouvernement, étant persuadé que son départ aidera à réaliser les objectifs de la révolution, a-t-il encore expliqué. S'exprimant lors d'une conférence de presse qu'il a donnée, mercredi après midi, au siège de son parti, le Premier secrétaire du mouvement Ettajdid a indiqué que sa démission n'est aucunement liée à une éventuelle candidature à la prochaine élection présidentielle, soulignant que l'idée de sa candidature à la présidentielle ne lui a pas traversé l'esprit. Sa démission, a-t-il affirmé, n'implique pas une rupture avec le président de la République par intérim ni avec le nouveau premier ministre, affirmant que le mouvement Ettajdid « continuera d'assumer sa mission en tant parti politique responsable dans le but de contribuer à faire sortir le pays de la situation difficile qu'il traverse''. Expliquant les raisons qui ont conduit son parti à prendre part au gouvernement provisoire, M. Ibrahim a fait observer qu'il s'agissait de faire prévaloir les intérêts de la patrie sur ceux des partis, précisant qu'il était entré au gouvernement « sur la base d'engagements politiques claires » par lesquels il voulait rompre avec le despotisme, écarter les caciques de l'ancien régime, bannir l'imbrication Etat-parti et préparer une transition saine vers la démocratie à travers l'organisation d'élections transparentes. Concernant l'avenir politique du pays, il s'est déclaré favorable à un gouvernement de gestion des affaires courantes, car « la situation actuelle n'autorise point de surenchère ». Evoquant l'attachement du pays au processus démocratique et à ses nombreux acquis depuis l'indépendance, M. Ahmed Ibrahim a déclaré qu' « on ne doit pas tolérer de mauvais projets qui feront dévié le pays de la bonne voie en y mêlant la religion. Répondant à une question de l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP) sur le choix de la date de sa démission, le premier secrétaire du mouvement Ettajdid, a tenu à préciser qu'il « n'a pas démissionné lundi pour se plier aux exigences des manifestants de Sfax dimanche, mais que l'évolution des évènements lundi soir et mardi matin ainsi que les orientations du nouveau gouvernement l'ont persuadé que la contribution de son mouvement, en dehors du gouvernement, sera plus utile pour le pays ». M. Ibrahim a critiqué les médias qui n'ont pas mis en relief les réalisations de l'ancien gouvernement et le travail colossal qu'il a accompli, soulignant que certaines parties « ont mis tout en oeuvre pour mettre en échec les efforts du gouvernement et faire régresser le pays ». Il a affirmé n'avoir aucune réserve sur la création d'un comité de protection de la révolution mais il craint que cette structure ne se transforme en comité décisionnel qui nomme les hauts fonctionnaires et contrôle les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, soit, a-t-il dit, une structure Supra gouvernementale. En revanche, il a plaidé « en faveur d'un contre pouvoir qui aura une mission consultative et de contrôle ».