TUNIS, 12 mars 2011 (TAP) - La suspension de toutes les compétitions sportives, collectives et individuelles, en raison du déclenchement puis le triomphe de la révolution populaire, le 14 janvier 2011, se poursuit depuis plus de deux mois au risque de compromettre la saison sportive, notamment celle du football. A l'exception d'un match en retard du championnat de basket-ball, programmé pour aujourd'hui, les championnats de football, de volley-ball et celui de handball, reporté en raison de la participation de la sélection nationale au tournoi Marrane en France, n'auront pas lieu encore ce week end, prolongeant la trêve forcée à plus de deux mois. Le dernier report en date vient d'être pris, samedi, par la fédération tunisienne d'escrime avec l'ajournement du le tournoi international de sabre féminin, comptant pour le circuit de la coupe du monde de la catégorie, prévu les 26 et 27 mars à la cité sportive des jeunes. La situation des championnats des ligues 1 et 2 de football semble la plus compliquée. Car, si le ministère de la jeunesse et des sports conditionne le retour de l'activité sportive par le déroulement des rencontres à huis clos, la fédération tunisienne elle s'est montrée neutre laissant la décision aux clubs. De leur coté, les clubs estiment qu'ils sont incapables d'assurer la sécurité dans les stades et n'admettent pas non plus l'idée du huis clos dans le souci de renflouer leurs caisses au moment où ils font face à des difficultés financières et sont incapables de verser les salaires des joueurs. Le championnat de la Ligue 1 a été interrompu, rappelle-t-on, le 9 janvier dernier, lorsque la situation sécuritaire, sous l'ancien régime, s'est détériorée, et la suspension s'est poursuivie pendant la révolution, alors que l'arrêt de la Ligue 2 remonte au 26 décembre dernier. La FTF avait fixé une première date de reprise des compétitions à la fin de février dernier, après la participation de la sélection nationale des joueurs locaux au Championnat d'Afrique des Nations, au Soudan, avant de fixer une nouvelle date au 13 mars, de nouveau annulée. Pour expliquer cette impasse, les dirigeants des clubs invoquent la question de la sécurité et des difficultés financières. Les présidents des clubs ont préalablement accepté, au cours d'une réunion tenue jeudi avec le bureau fédéral, le principe de la reprise du championnat, mais ils n'étaient pas d'accord pour la condition du huis clos. A la lumière de cette situation, la fédération ne prévoit pas un retour à l'activité avant le 17 avril prochain, en raison des engagements de certains clubs aux compétitions continentales et des rendez-vous amicaux et officiels de l'équipe olympique et de la sélection nationale. A cet égard, Naoufel Zahaf, président du CS Sfaxien, estime que la reprise de la compétition "en l'absence du public ôte le charme au football et affecte le rendement des joueurs", posant comme autres conditions au retour aux stades le versement des fonds du promosports, des droits de retransmission télévisée et des primes de subvention. L'arrêt de la compétition occasionne en effet d'importantes pertes aux clubs. Pour Hamed Kammoun, président de l'Etoile du Sahel, dont le club perd un total de 500 mille dinars par mois, le retour à la compétition est impératif en présence du public, estimant que le huis clos est infructueux, malgré la délicatesse de la situation sécuritaire, se prononçant pour le versement des montants exigés par les clubs (fonds du promosport et des droits tv) afin qu'ils soient en mesure d'honorer leurs engagements. Les autres clubs se prononcent également pour la reprise du championnat tout en exigeant de bonnes conditions de sécurité et le versement des recettes financières, affirmant que le huis clubs nuit aux intérêts des clubs alors que la plupart des associations sont incapables d'assumer la responsabilité de la sécurité dans les stades. D'autres clubs optent pour un compromis tel le C.Africain qui accepte le déroulement à huis clos des rencontres pour une seule journée avant le retour au cours normal de la compétition tout en exigeant le versement des fonds aux clubs. Il propose également que les associations suivent l'exemple des clubs européens qui assument eux-mêmes les tâches sécuritaires dans les stades.