TUNIS, 3 mai 2011 (TAP)- "Les nouveaux obstacles: blocage en ligne, censure, surveillance, sécurité des journalistes et blogueurs", est la thématique de la 3eme session de la conférence organisée, à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, par le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) sur le thème "les médias du 21eme siècle au service de la démocratie". Le panel a été introduit par Adrien Gévaudan, consultant français en intelligence économique qui a mis l'accent sur l'importance de la sécurité informatique dans l'échange d'informations sur Internet. Toutes les dictatures, a-t-il soutenu, ont recours à l'intimidation, à la répression et à l'emprisonnement, poussant nombre de journalistes à la clandestinité et à la cyberdissidence. Cette situation de blocage et de censure de l'information dans plusieurs pays a donné naissance à une cyberdissidence et à l'émergence d'un contexte marqué par une méfiance des citoyens à l'égard des médias traditionnels. Le problème de la censure et de surveillance d'Internet, a-t-il ajouté, n'est pas l'apanage des seuls pays en voie de développement. Ce problème se pose également sous d'autres formes dans les pays développés comme la France ou l'Italie. M. Gévaudan déplore aussi le manque de sécurisation par les journalistes de leurs données aux techniques de cryptographie mettant en garde contre l'utilisation par plusieurs gouvernements de programmes de type keylogger ou cheval de troie, qui permettent de contrôler ou d'espionner à distance les médias. Il a rappellé les pratiques incriminant plusieurs plates-formes informatiques tels que Twitter et Facebook qui permettent d'enregistrer des informations à l'insu de leurs utilisateurs. Selon cet expert, il s'agit d'une réalité qui montre que ces médias sociaux qui ont contribué au déclenchement des révolutions arabes ne sont pas, dans la pratique, aussi neutres qu'ils aparaissent. Mme Lina Ben Mhenni, activiste et bloggueuse tunisienne a critiqué pour sa part la situation des médias en Tunisie, qui n'ont pas toujours réussi, selon elle, à se réconcilier avec le public. Analysant la présence des activistes tunisiens et égyptiens sur la toile, Mme Ben Mhenni a indiqué qu'en Tunisie, le régime déchu avait choisi de ne pas couper Internet pour des questions d'image mais également en raison des intérêts directs que le président déchu avait avec plusieurs Fournisseurs de Services Internet tunisiens. Elle a fait remarquer qu'au delà de la pratique de la censure, le régime Ben Ali a entrepris durant la révolution de pirater nombre de comptes Facebook et de comptes email appartenant à des cyberactivistes tunisiens. Un vibrant hommage a été rendu par Mme Lucie Morillon, Responsable du bureau Nouveaux médias auprès de Reporters Sans Frontières (RSF), aux blogueurs et cyberdissidents tunisiens, rappelant les multiples pressions exercées contre eux et leurs proches par le régime déchu. Elle a fait noter qu'Internet était un espace de lutte entre la dictature et les cyberdissidents. Les journalistes doivent maîtriser les techniques de surf anonyme et de contournement de la censure par l'utilisation des proxys indiquant que RSF a mis au point un guide pour bloggeurs et cyberdissidents, téléchargeable depuis son site. Un espace est aussi fourni par RSF pour tester des logiciels de surf anonyme ou des réseaux virtuels privés (VPN) permettant d'accèder à Internet et de contourner la censure. Elle a ajouté que l'organisation milite actuellement pour un code de conduite éthique sur Internet impliquant acteurs majeurs du web. Elle a en outre cité les cas de coopération entre journalistes et blogueurs ou sites d'informations à l'instar de Wikileaks qui a mis à disposition de plusieurs grands médias dans le monde les mémos de la diplomatie américaine.