LA HAYE, 1er déc. 2009 (TAP) - Saisie par la Serbie, la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye examine à partir de ce mardi les arguments des adversaires et des partisans de l'indépendance autoproclamée du Kosovo, en février 2008. Soutenues par la Russie, les autorités de Belgrade ont contesté la sécession de leur province à majorité albanophone reconnue par une soixantaine de pays, dont 22 des 27 membres de l'Union européenne, et ont prié la CIJ de fournir son avis. Le Premier ministre serbe, Vuk Jeremic, a dit espérer que les conclusions de la CIJ permettraient de mettre un frein au nombre de pays reconnaissant l'indépendance du petit territoire et qu'elles forceraient Pristina à engager de nouvelles négociations avec Belgrade. « Nous espérons que le jugement final (...) dira que l'on ne peut pas faire sécession d'un ?tat internationalement reconnu en temps de paix », a déclaré Jeremic . Le Kosovo a déclaré son indépendance en février 2008, neuf ans après la guerre de 1998-99 au terme de laquelle les forces serbes ont été chassées par une campagne de bombardements de l'Otan. Le Premier ministre du Kosovo, Rame Manaj, a dit pour sa part avoir bon espoir que la CIJ rende un avis favorable à l'indépendance de son pays. « Nous ne pouvons vivre avec la Serbie que comme deux pays indépendants. La Serbie a déporté la moitié de la population du Kosovo, a tué et massacré plus de 12.000 personnes. C'est à cause de tout cela que nous avons déclaré l'indépendance», a-t-il dit . « Après la décision de la Cour, nous bénéficierons de davantage de reconnaissances et Belgrade ne pourra rien faire pour les empêcher». Dans sa demande de saisine de la CIJ adressée en aoot 2008 au Conseil de sécurité, la Serbie avait argué que l'avis de la Cour « contribuerait grandement à calmer les tensions », à éviter de nouveaux événements négatifs dans les Balkans et faciliterait la réconciliation entre Serbes, dont 120.000 vivent encore au Kosovo, et Albanais de souche. En l'état des choses, la reconnaissance du Kosovo par un nombre limité de pays ne lui ouvre pas les portes des Nations unies, mais un avis de la CIJ favorable à son indépendance pourrait créer une dynamique en ce sens, estiment des juristes. Neuf jours d'auditions de pays comme la Serbie mais aussi les Etats-Unis, la Russie et la Chine sont prévus avant que les 15 juges de la CIJ ne rendent leur avis. Le Kosovo, où 12.600 militaires de l'Otan veillent toujours à la paix précaire, sera entendu ce mardi, tout comme la Serbie. L'avis de la CIJ, principale instance judiciaire des Nations unies, n'aura pas valeur contraignante mais revêtira une grande autorité. Il devrait être connu d'ici quelques mois.